jeudi 31 mars 2016

Lavande

La fumée qui plane dans l'air,
Qui danse au-dessus de la terre,
Qui asphyxie chaque petit nerf.

La tour est pleine des tombes
Qui pardonne les crimes immondes
Et ascend les âmes en trombe.

Ci-dessous maintenant que tu gis,
Dans les éternelles succombes aigries,
Avec la vie devant, dans une macabre ironie.

Je contemplerai tes danses spectrales
Dans la fumée du silence total
Qui m'apparaît étrangement musical.

Les entichements sont loin, distants
D'époque nostalgique en ces temps
Où les promesses rendaient l'avenir excitant.

Qu'est-ce, sinon la déchéance ?
De ceux délaissés par malchance
De ton sort qui me désavance.

Je ne veux plus tomber en amour,
Tomber nous heurte comme le vautour.
Je ne t'aimerai plus en retour.



dimanche 27 mars 2016

Le Chat

Comme un livre à moitié ouvert
Qui se repose sur une tablette,
Il ronronne sur le parterre,
Au Soleil chaud de Lorette,
Se prélasse sur la rambarde de fer.

Les moteurs grondent sur Jean-Jaurès,
S'arrêtant parfois, et même, levant les yeux
Vers les cieux qui tombent tout près
Des toits rougis par les ans poussiéreux
En Loire, pour le chat qui seyait.

Sauf les jours de pluie et d'asphalte,
Son poil long et noir vole dans l'air
Se promenant sans aucune halte,
Comme admirait Baudelaire :
Ses mirettes de métal et d'agate !

Mais l'iris reposé, en croissant de lune,
Tranquille aux tintements retentissants
De la colère des cataclysmes à la une.
Il reste perché en solennel monument,
Sans soucis de l'humaine infortune.



lundi 21 mars 2016

Obsession lyrique

Le lyrisme des plus innocents émois
Encense les longs cheveux de la muse
Qui se pavane en une infidèle ruse
Trahie de ses sentiments bourgeois.

Elle obsède toutes les pensées
Comme une émotion sournoise.
Non la mort, qui la pavoise,
Mais sa prochaine succombe, élancée.

Ses pulpeuses qui, à la goutte, manifestent
Le désir ardent des chairs sans salamalecs.
Elle entiche par sa lueur extrinsèque
En exposant son derme, vive et preste.

        Puis le vide,
        Grand perfide !
Loin des mirettes, des regards infâmes
Et des doux courroux incessants.
Le cœur peine à saigner sous les tourments :
Ce sont les noires poësies de l'âme.


lundi 7 mars 2016

L'aiguillée

Elle était congelée sur le négatif,
Entre les aiguilles et les feuilles
Basses étalées justes, du seuil
De la déroute à pêcher les êtres émotifs.

La lumière maintenant éteinte,
Le photographe remballant son objectif
Qui t'a laissée sans étreinte
Repart gris d'un pas sec et hâtif
Sans sous-entendu, sans feinte.

Seule, comme l'âme des esseulés.
Contemplative des entichements coupables
Qui en échouant t'ont fait couler
Comme coule le rouge palpable
Lors de journées moins ensoleillées.

Les tristes flots te font arracher
Car le bras, lui aussi, s'écarquille,
Tes mirettes, elles, sont figées sur le cliché,
Le reflétant sur ta sombre pupille
Témoin des envies entichées.

Tes envies te trucident
Et entache de sang
Cet ô combien grand vide
Qui dans ton cœur se répand
Comme un poison perfide.

Elle était congelée et négative,
Entrant les aiguilles sur son ferme
Bras dépecé jusqu'au derme.
Des gouttes qui l'empêcheront d'être émotive.


mercredi 2 mars 2016

Violette

Violette aux cheveux rouges, la mine taquinée,
Faisait des yeux à mirer le Soleil brûlant
Des juins toujours tardifs à se pointer.

Insouciante des doux baisers de soir,
Collait mots à languir à ceux pour jouir
Avec la force d'une grande de Beauvoir.

Violette aux cheveux rouges, la rime esquissée,
Fuyait des yeux à maugréer la société du temps
D'injustes jours attardés à se démocratiser.

La fleur effleurée répond par coups de poing noirs,
À force de fuir les effarouchés et à s'enfouir.
Fais parler l'égalité, comme une Beauvoir !