mercredi 14 avril 2021

Fae

Dans une vieille forêt,
Deux cent ans
À être mise à mal
À chaque Germinal,
Soufrant en-dedans
Dans un silence discret.

Un printemps, il y eut toi,
Sous l'écorce flétrie,
Encore un peu magique,
Toujours un peu tragique,
Résistant à chaque nuit
Au retour des émois.

Tu t'es déposée dans ma main,
Je ne comptais pas croiser ton chemin,
Mais la vie fait bien des hasards kafkaïens.

Tu es entrée
Dans mon for,
Simplement,
D'un coup de vent
Puissant comme la mort,
J'en tremblai.

Tu es devenue invisible,
Cachée du jour
Sous ma peau d'écorce
Avec mes entorses
D'un mal de toujours ;
Tu en as fait une cible.

Et j'ai entendu mon nom dans ta voix,
J'ai vu mon visage par tes yeux d'éclats
Océaniques qui dénouent les maux du Soi.

On t'a arrachée
Tes ailes roses,
Mais ton envol
N'a rien des lucioles,
Il est des nécroses
Qu'on fait s'envoler.

Et quand tu cessas
D'être des vivants,
Ta voix resta,
Douce et d'incarnat
Dans les restants
De ma mémoire sépia.