dimanche 31 octobre 2021

Samhain

Quand la moitié sombre de l'année approche,
Que tout le monde est parti,
Une dernière invitée approche
Pour le passage de minuit.

Une goutte de trop dans le nez
Qui fait promener les regards.
Les mains qui finissent par s'effleurer ;
Un clignement d'yeux et en-bas se met à pleuvoir.

À l'endroit, à l'envers,
Au sol, au mur, au plafond,
S'il était pas aussi loin de la terre,
Pour s'ennivrer en unisson.

Un gémissement plaintif,
Deux doigts coincés dans l'autre,
Trois heures vers la torpeur,
Quatre mains qui se perdent.

« Il n'y aura plus de matin
Tant que je te récolte avec mes lèvres,
Que de la noirceur et du vin
Et tes mains pour calmer ma fièvre. »

Et l'explosion à l'intérieur,
Quand les langues se promènent.
Et l'engouement des cœurs,
Quand les cheveux s'entre-mêlent.

La Lune restera bien haute lorsque les cris seront tout aussi hauts.
Pas le temps pour la fête des morts quand deux se donnent une petite mort.

Rouge, blanc, noir :
Sang, peau, soir.

Vingt griffes pour faire sortir les démons
Et laisser jouer les canines sur la peau frêle.
Des tentacules sortiront du sol profond
Pour qu'ils remplissent et s'emmêlent.

Quand la Lune n'entendra plus les cris,
Il ne restera que le sol visqueux
Et deux succubes bien épris
Aux courbes ensanglantées et en feu.

mardi 12 octobre 2021

Canevas III

C'est quand j'ai ton odeur dans mon nez
Que je suis pas capable de me sentir.
Je me perds un peu dans tes yeux saphirs,
C'était ça ta couleur ? Mes yeux sont occupés.

J'essaie de retenir des chutes d'eau avec ma bouche
Pendant que tu cries des symphonies,
Mes seins deviennent le delta du Nil
Et mes oreilles, au son de l'OSM, se débouchent.

Tu me demandes de jouer des cordes
Alors que je pense plus aux cuivres.
Il manque de métal sur ton corps ivre,
On l'ouvrira comme un bouchon, qu'on le morde.

Je ferai de l'abstrait avec du cuir en lanières,
Toi du pointillisme avec tes ongles manucurés.
Quand tu finiras par enfin exploser
On regardera le mur coloré.