vendredi 28 août 2015

Introversion

Assieds-toi, ô seule esseulée,
Ma très chère et tendre amie,
Qui depuis tantôt pleure sur le pavé
Dans une dépressive infamie.

Je t'ai vue, privée de tout sommeil
Jusqu'aux petites heures matinales
Te reflétant seule, sans pareil,
À ton âme pour certains spectrale.

Je t'ai entendue, livres à la main,
Te donnant aux plaisirs sensuels
De la littérature, mais, pauvre, en vain,
T'enfouis-tu lors de ces conversations cruelles.

Ces nuits, tu les vis seule par ta volonté
À vouloir t'abandonner de toute âme vivante.
Et ces lectures, t'adonnant à un monde de volupté
N'est que couverture contre les gens qui te hantent.

Je t'ai sentie, horrifiée des paysans,
Que tu clamais inconsidérés et vains,
À parler des futilités du beau temps,
Apeurée comme si les mots étaient malsains.

Je t'ai suivie, avec cet air perdu,
Où, pensive, on te crut malaisée,
Ou même irritée, timide et confondue,
À faux et à tort t'ont-ils accusée.

Le poids le plus sombre, tu le portes à tous les jours,
Ne sachant comment faire comprendre au monde
La différence essentielle et cruciale, sans humour,
Entre être seule et être laissée seule, plus d'une seconde.

Ton nom est le seul à m'accompagner,
Ma très chère et seule amie, ni hargneuse ni rude,
Capable de rendre mon existence chose à supporter.
C'est toi, ma jolie Solitude.



samedi 15 août 2015

Alexandra

Oh Alexandra, que s'est-il passé ?
Tu as la tête sur les livres, sur mes écrits,
Et tu regardes les étoiles filer,
Se reflétant sur ta peau flétrie.

Si j'embrassai ton doux cadavre,
Ce ne serait que pure dysphorie.
Ce n'est que pour entrer dans ton havre
Et goûter aux liquides de l'euphorie.

Et si j'en venais à t'overdoser,
C'est que je suis une âme meurtrie.
Nous ririons de toutes les fumées
Observant ton être par jalousie.

Ces nuits charnelles t'ont vidée sèche,
Alors qu'éméchée par tant de breuvages,
Ta bouche abondait de nectar comme la flammèche
Qui brûle de tes envies sauvages.

Tu n'es plus, feue angélique.
Déchue par ces années dévastatrices
Qui t'ont rendue trop mélancolique,
Un peu trop terne et mutilatrice.

Je ne t'aimerai jamais assez pour t'empêcher d'en aimer d'autres.
Laisse mes mains courir une dernière fois entre tes cuisses,
Cher ange qui s'est affaissé, qui continuellement se vautre
Sous le poids, à pourrir, de mes écrits d'amour et de malice.

Mais je ne suis pas pressée, la mort finira par venir me chercher.