jeudi 28 novembre 2013

Krokodil

Tergiversements incertains et extases spontanées. Mordre, mordre, mordre, j'ai besoin de ta chair. J'ai les dents nouées à ta peau, macérées au rouge de ton corps, elles absorbent le liquide qui coule hystériquement.
C'est une dose mortelle montée à ma tête, elle consumera mes pensées, comme le crocodile qui dévore sa proie insouciante. La pauvre délabrée en moi a l'alpha-chlorodide qui dévore sa foi insignifiante. J'explose de l'intérieur, une magnifique histoire brûlée de son parchemin par le feu vif des révolutions sanguinaires. Le patriote gît au sol, desséché de son sang, il a son fusil perché sur mon cerveau, et son canon de douces mélodies fait tonner la mort. Il m'a laissé des dents en forme de gâchette et une langue de poudre à canon. J'explose de l'intérieur, et mes éclats se déversent en rivière de feu sur tes surfaces froides. J'irai éteindre ta rivière de mon tison macabre, de ma démence flambante.
Puis quelques années hors de l'éternité, je ramasserai mes sens, temporairement délaissés au froid de l'hiver, et leur ordonnerai de fermer tranquillement tes yeux, tes mirettes affolées. Ô belle âme, lave-moi ce sang de ton visage et redonne-moi ton sourire d'autrefois. Diras-tu, ce vermillon est le tien, c'est la fatalité qui t'a mordu les lèvres, et ce sort coule par tes entrailles sur la neige. Il entache les plus beaux et entiche les plus fous. Pour moi, il n'est que couleur sur une toile vide. Prends ce tissus et efface-moi ces crimes que j'eus osé dépeindre.


Aucun commentaire:

Publier un commentaire