jeudi 5 décembre 2013

L'Enchanteresse

J’ai marché sur les paliers de Mnémosyne, à étendre mes regrets sur son autel de marbre. Je n’ai pu que mirer Érato, son aimable fille, à la lyre tant exaltante qu’adoucissante. Qu’importaient mes pieds sur le gravier si mes yeux me transportaient sur un nuage. Mais les noires pensées qu’habitaient mon âme étaient l’ire de mon cœur, quelle que soit la muse, je ne pourrais me départir des fragments de mon esprit.
J’ai trop longtemps oublié, oublié les acteurs de ma vie. Antagonistes déchus comme héros passionnels, ils sont tous passé par le tourment tournoyant de ma tête en défaite. Car j’ai de ces mentalités d’oubli. Le plus vif et puissant souvenir n’est que bribe entachée d’émotions, la plus grande confidence qu’un potin vulgaire. J’ai de ces amis qui sont des âmes hostiles, puisqu’à ne plus leur parler, ma tête les pousse vers le recoin le plus sombre et hostile de ma raison. De ces âmes, il n'en existe qu'une seule exception, une seule fleur, me direz-vous : mon hymen, ma dulcinée ? Jamais eusse été mon hymen, faudrait-il qu’elle commence par réduire son immuable présence en mon sein, mais peut-être fut-elle dulcinée, c'est celle qui demeure éternelle.
L’unique que mon cœur a longtemps choisi, que j’ai déposée sur l’autel face aux regards ardents des passions, tu es plus éternelle que le temps lui-même. Nous avons crié de ces mots qui ne s’effacent pas, et que ma tête d’oubli s’en souvienne, tu es feu parmi ces gens d’eau, et jamais tu ne t’éteindras. Ce sont tes étreintes, ce sont tes pensées, c’est qui tu es.
Et moi, je ne sais plus qui je suis.


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