dimanche 8 juin 2014

L'Écrivaine

J'aurais de ces mots à te dire. Un millier. Sept cent pour les plus doux, les caressés. Trois cent pour les courroux, les effacés. Il n'y a que ces êtres ; ces femmes, ces hommes, et ces enfants entre les deux. Nous sommes les enfants de demain, les auteurs de l'avenir... Essayistes du prodige des amours futurs !

Jeux de livres. Excitations palpitées.
Noyés ivres : Ensembles charnelisés.

Tableaux, colonnes et pavés de librairie, emplissant nos livres noirs jusqu'aux plus hauts cieux... Ou plus profonds enfers obscurs, des secrets embrassés par la plume. Urnes d'encre, chandelles de feu et journées de pluie, qui ne font qu'amuser la dance des griffonnages de confesse, et des dessins de vents d'amour. Badine la plume ! Liée au livre de la vie, ce sont les printemps et les étés à siroter le café, les automnes et les hivers à avaler le vin. Ivres de la bouche, ce sont des poèmes dignes des plus grands. Edgar Poe à Baudelaire. Rimbaud à Apollinaire. Aimerais-tu relire de ces passages éternels ? Inventer à nouveau ces compositions divines ?

J'eus cru, un instant, qu'Alexandrie n'aurait rien à envier, mais le comblement lent de l'imaginaire par des proses sanguinaires use les plus pures des âmes. Avouerais-je, ce serait révérence tirée, dès demain, mais le plus bondé des cœurs n'efface jamais même la plus petite des rengaines, et ces pages infinies ont tant d'histoires à conter. M'en voudras-tu, que ma plume cesse de te taquiner, que mon effluve cesse d'emplir ta coupe, j'ai de ces baisers destinés depuis des années, qui n'ont su toucher plus douce joue que le seul nom que je pourrais marquer à la place du mien. Adviennent les fatalités, tombent les rideaux, les amours premiers percent les chairs tendres, et les éternels n'ont que de quoi combler les satiétés intérieures. Il ne me reste que les yeux, mes tant chères, et bien les dernières, qui savent encore parler ; ma gorge nouée ne saurait plus lire de romans, qu'il me faudrait encore les écrire. Sauras-tu, après quelques éternités, que ces poèmes t'étaient destinés, ma seule et unique lectrice imaginaire.


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