mercredi 9 décembre 2015

Les sept jours de la Lune

Endormie sur le côté, à moitié recroquevillée,
Je l'entendis entrer et se blottir contre mon dos.
« Debout petite fleur, sors de ton repos »
Et sans baiser, mon corps tressaillit à ses mots
Doux comme son visage angélique de volupté.

Nous partîmes vivre nos journées, nos années,
Et elle posait sans cesse ses mains sous mon ventre
Telle une aguiche « si tu es douce, tu entres ».
Dans l'extase des sens, elle devenait mon centre,
Se croisant toujours, autours d'un pinot bien assez foncé.

L'ange des rues était aussi un ange féru,
Vivace animosité, qui plus, était la plus belle
« Angel in the streets, angel between the sheets » disait-elle
Mélodieusement, que je me pâmais face aux ritournelles.
Ne change jamais très chère, ton amour je le veux cru.

Mais un jour, elle disparut, sans crier gare !
Seulement ses mots restèrent, au poids immense :
« Je t'aime, mais je dois partir rejoindre la France. »
J'eus le cœur trahi par de longs et sinistres silences.
Damné service militaire qui de l'amour est ignare !

Et elle disparut à nouveau, par le fusil ennemi, damnation !
Mes émotions se déchaînèrent dans une furie.
« Reviens » m'époumonais-je, « reviens que je te marie ! »
Hurlaient mes cordes vocales si peu enclines à des destins unis
Qui ayant tout perdu, était prêtes à promettre ces célébrations.

J'implorai la Mort à genoux, de tout me prendre.
Je sacrifiai toutes mes heures à ces funestes sorts amers.
« Veux-tu voir les étoiles, derrière ces montagnes de fer ? »
Susurrait-elle à mon piètre corps couché à terre.
Je donnerais tout, pour une dernière fois... ses mirettes... m'épandre.

Mille ans passèrent, et je te vis pour la dernière fois, entrant,
Ô glorieuse vie, embrasse-moi, ma tendre, mon espoir.
« Debout petite fleur, il y a si longtemps, viens me voir. »
Que je te pensais morte ! Prise dans les tourbillons noirs !
Une dernière fois... tes mirettes que j'entrevis, en me suicidant.


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