mercredi 22 juin 2016

Renverse

Les arbres tombent en Cydonie,
Là où la Canée sied inchangée,
Alors que monte en l'air la pluie.

Lorsque les mers emplissent les cieux,
Et que les racines s'inclinent sur les mines,
Les feuilles se meurent dans le sol creux.

Mais alors que les terres se drainent,
La nécropole se feuillit et jouit d'une vie
Par son insensée verdure des chênes.

Au-delà de la gravité du non-sens,
Le mal principal du tronc axial
Réside dans la résine sans défense.

Elle pleure, à s'enfoncer, toujours plus
Alors que monte la pluie qui fuit,
En ce lieu aux logiques révolues.



mardi 7 juin 2016

Cachotteries

Il y a un tintement plutôt étrange,
Lorsque l'on regarde sous sa frange,
Qui résonne, mais qui ne chantonne,
De ce visage à la fois si familier
Mais pourtant tellement étranger.

C'est sa voix, douce mielleuse,
Qui s'use en se voulant rêveuse,
Retentit en écho, en soubresauts.
Mais de plus près, sous son air,
C'est de la rouille qui use le fer.

Tu vacilles dans les songeries
À cacher de qui tu t'es épris.
Que je sois concubin, ou n'en sache rien ?
Si, osée sois-tu, je devienne concupiscent,
Tes larmes auront vite fait de toucher le vent.


dimanche 5 juin 2016

Glauque

Il existe un pic qui fait penser aux sirènes
En regardant l'océan, un peu inhumaine,
Cette ancienne beauté lointaine.

Elle est de ce roc terni par la mer
Qui, à force de traquer la chair,
S'effondre sous le poids de sa misère.

Chaque année, sur les vagues,
Elle se rapproche, comme une dague
De ceux qu'elle croit vétuste, par la bague.

Il n'y a point au sol de ces agrestes
Dont elle voudrait se lier, comme une peste,
Et échapper à ses eaux trop modestes.

Elle se tire contre le fragile talus,
Espérant toucher la verdure de son buste.
Contre le remblai, doucement, elle s'ajuste.

Mais son éternel combat n'est que d'allure.
La créature dénouera sa ceinture
Pour ouvrir sous sa robe ses ordures.

C'est la fatalité de cet être terne
Qui, grisâtre et sans éclat, se consterne
De voir la mort, puis se prosterne.