jeudi 17 octobre 2019

Drei

L'auteure des fictions ne saurait,
Par ces pulsions incessantes,
Reconnaître l'arrachement qui dévorait
De l'intérieur ses envies pesantes.
Quelques secrets entichements niais !

Oh, quel engouement délectable,
Que celui des âmes charnelles
Par trois fois rendues insatiables.
Des assouvissements en ribambelle
Et des pulsions incurables.

Elle ne peut savoir l'impossible :
Ce qui n'a de mot pour être décrit,
Et ne possédant d'élément indivisible.
C'est le tout, c'est nous, c'est ici
Et c'est partout, mais inaudible.

Ses livres l'ont mené vers d'étranges forêts
Aux arbres aussi grands qu'imposants,
Tous au-dessus de son être muet,
Surplombant son corps en couvent,
Nu contre les pages de vieux sonnets.

Rien n'est réel en ces vieilles contrées,
L'imaginaire est un bien meilleur miel
Qui, dans cette paix, peut être savouré.
Il n'y a point d'amertume, point de fiel,
Seules les pages d'un amour espéré.

Le chemin s'est effacé, chaque chapitre
Disparaît après être dévoré des yeux.
La mort viendra bien à la fin de ce titre,
Mais les pages infinies profitent de ce lieu :
Plus vites écrites que lues dans ce livre tacite.

L'auteure sait que tout temps vient,
Mais celui-ci, si parfait, si divin,
Sera à chaque fois un amour qui revient
Comme une coupe, sans fin, de vin.


jeudi 3 octobre 2019

Accord en tierce mineure

Je te vois aux abords, tranquillement assis.
Quelque tracas, quelque moment hargneux.
Qu'y a-t-il en ces jours pluvieux ?
Je te serai pour toujours ta théophanie.

« Il n'existe plus rien, sous les bas cieux.
N'est-il point du plan divin de tout rejeter,
De voir son oeuvre inutilisée et charcutée ?
Il n'existe pas, même en rêve présomptueux. »

Délaisse tes impulsions et ta colère
En laissant ton corps danser aux chansons
Régies par les cordes du violon
Pour libérer tes émotions prisonnières.

« Des cordes ! Elles ne sont point assez longues,
Même si tendues, ne couvriront jamais
La chair sous ma tête qui n'admet
Qu'à se balancer sous l'arbre qui le surplombe. »

Si tu ne peux le faire pour la musique,
Considère tes plus vieux et éternels désirs
Qui ne peuvent rester seuls, pour guérir,
Comme ta personne qui sera vite hystérique.

« Qu'est-ce pour moi, une certaine trinité ?
Comment laisser régir ses puissantes lois
Si dans mon cœur il ne reste plus rien de moi,
Encore moins de ce qui aurait pu arriver »

Nous sommes tous blessés, très cher,
Même si dans ta solitude sanguine
Tu sens le flot qui aux enfers te confine,
Elle n'est pour la terre, mais pour mon corps, ta chair.


mardi 1 octobre 2019

Transfert

Elle a une sombre âme fragile qui erre
Dans les vieux couloirs abandonnés
Du métro, cent mètres sous terre.

Sous les couteaux et les larmes se cache
        De vieux désirs souillés
        Et ternis par les éternités.
Sous les journaux et les rails s'entache
        Deux désuets souliers
        Incapables d'encore marcher ;
Sous les douleurs un cœur se détache.

Deux trames amènent les trains
Vers des stations creuses et lointaines
Depuis le terminal froid et restreint.

Pour elle, l'heure des derniers départs
        Vers de lointains désirs,
        Vers de chagrins délires.
Pour elle, la peur des derniers égards
        Qui forcent à sévir,
        Qui foncent à détruire.
Pour elle, son propre corps se sépare.

Elle regarde le métro partir, emportant avec
Lui son avenir, pendant que son corps jonche
À l'abandon sous les navettes et les échecs.