jeudi 25 février 2021

Des Aveux de vie dépassée

J'ai une blague qui fait pleurer
À vous raconter,
Mes comparses,
Une bien triste farce...

J'ai été volée dans ma propre maison,
Dépouillée de la seule chose qu'on ne touche pas,
Par des mains blanches salies de l'intérieur.
Son premier toucher m'a fait perdre la raison,
Le second faisait de mon corps un débat,
Le troisième était déjà de trop, j'ai bien peur.

Je lui appartenais,
Comme un chien niais
Qu'on gifle aisément
Au moindre désagrément.

C'est mon identité qui est partie,
Qu'il a dévoré comme un amuse-gueule
Et qu'il a recraché sur le plancher.
C'est mon intégrité qu'il a acquise, pardi !
J'aurais voulu qu'il me défonce la gueule,
Seulement pour que le monde puisse réaliser.

J'ai passé mes nuits
Seule dans son lit
À vouloir mourir
Sans penser à fuir.

Et vous savez ce qu'il m'a volé ensuite ?
En fait, je ne le sais trop au final,
Il m'utilisait comme on se dépêche au buffet.
Il a pris mes couteaux, que le sang ne prenne fuite,
Et m'a obligée à faire l'échange génital
Pour sa propre lubie, qu'il soit satisfait.

Dans mon sommeil
Je remplissais sa bouteille
Avec de l'arsenic
Dans un élan de panique.

Ayant accompli son dernier désir,
Il m'a jetée au sol, pendant qu'il se félicitait
D'avoir une descendance en route.
Et quand il est parti, je pouvais encore ressentir
Les coups à l'intérieur qui continuaient
Alors que j'avais décidé de prendre la route.

Et je suis revenue,
Pardonnée, mise à nue,
Aimée, giflée,
Protégée, crachée.

J'ai décidé que mon existence n'en valait pas la peine,
J'ai mis la switch à off. J'étais bel et bien morte,
Sauf sur papier, sauf dans ses yeux...
Et je me sentais en vie dans son lit obscène,
Que la douleur enfin me réconforte,
Je ne ressentais rien d'autre, rien de mieux.

J'ai oublié les années
Oublié mes pensées,
Puis un beau jour
Mes jambes m'ont dit « cours ! »

Je ne me suis pas retournée une seule fois,
Même si j'avais mal entre mes cuisses,
Même lorsque sa voix résonnait trop fort.
J'ai retrouvé ma voix,
Caché mes cicatrices
Et dit adieu à la mort.

Je redoute encore parfois
Quand je m'assois
De le voir sur le lit
Quand je suis seule la nuit.

Vous me pardonnerez si je vous demande de rester.

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