mardi 30 mars 2021

Balance

La Lune qui se débalance
Pour tomber sur mon front,
Comme on tombe tel un tronc
Déraciné en défaillance.

Mon corps s'enracine dans le sol
Pendant que mes yeux montent
Vers la lumière, ma tête en refonte
Oublie l'arbre qui sonne les bémols.

Ma tête fait des vrilles, on essaie
De me lier à la réalité, et faillir comme
Essayer d'éteindre ce qui me turn on.
Je m'essuie de ce qui semble vrai.

Et quand tu montes, Elles sont là,
                    À gauche, à droite
                    En-haut et en-bas.
Tu sens leurs mains sur ton front,
                    En hausse, en baisse,
                    Sur l'eau et sur toi.
Laisse-toi noyer dans le confort du fond.

Tu trouveras le bonheur en tombant,
Quand tu réaliseras que tes mains
Sont restées là-haut, sur mon chemin
Et que tu n'as rien te retenant.

J'ai emprunté ton corps
Pour réaliser tes désirs inespérés,
Tes desseins à demi-chuchotés.
Je vais t'adorner d'adores.

Quand tu auras fini ta chute,
Tu te réveilleras nouvelle,
Grande de ton profond sommeil
Pour en finir avec tes luttes.

La Lune est descendue sous l'horizon.

mercredi 17 mars 2021

Réchauffement triadique

Ça fait quelques heures que je te regarde,
Perdue sous les arbres sans ombre,
Avec le Soleil qui reflété sur l'hiver
Et sur ta peau froide, qui plombe,
Qui te désoriente... tu tombes par mégarde.

La neige va s'effacer,
Tes yeux vont s'élever
Vers les arbres bourgeonnés.

Prends un peu de vert pour peindre le blanc,
Pour trouver ce qu'il y au fond de ta palette,
Caché dans ton cœur rouge enneigé,
Viens prendre ma main, reste muette
Si tu le souhaites, on va regarder le printemps.

Tu t'es perdue,
Presque abattue...
Puis tu es revenue.

Je ne sais pas comment fondre la glace,
Mais j'ai du café à l'intérieur,
J'aimerais pouvoir te le partager.
Il y en assez pour trois, pour les petites heures,
Le temps que tu trouves ta place.

En attendant,
Reste en-dedans,
Prends ton temps.

samedi 13 mars 2021

En franchissant la Méditerranée

Tu as tout d'une reine de Troie,
Éclairant comme une sélène,
Je suis là, pensant à toi,
Comme un Ménélas, de veine !

C'est quand tu te perds dans mes yeux,
Quand tu mords tes lèvres derrière tes cheveux.

On va trinquer au vin,
Faire tomber le patriarcat,
S'embrasser au féminin
Et s'accorder en genre et en foi.

C'est le toucher d'Aphrodite sur ta peau,
Mais Circé qui m'a fait succomber à ma libido.

Viens et entre dans la ronde,
On va coucher nos passés,
M'assurer que tu t'inondes,
Ton corps en cinq écartelé.

C'est ton ventre au milieu du pentacle,
Ta tête dans la mienne, sans obstacle.

mercredi 10 mars 2021

Descente

Viens te cacher dans le noir,
Là où la mort nous engouffre.
Ta vie fait que tu souffres,
Viens avec moi, juste voir.

Fermer les yeux, écouter le vent,
Enrouler la raison dans un papier
Qu'on met au feu pour inspirer
Le temps de se sentir moins vivant.

On va sacrifier nos corps,
Les laisser inertes sur le sol
Pendant que nos neurones s'affolent
Et que l'air entre par dehors.

Pendant que ton âme flotte
Elle fusionne avec celles avant nous
Qui font qu'on fait partie du tout,
Ta tête s'éteint et pivote.

Regarde mes yeux devenus mauves
Pendant que tu succombes
Un peu plus et que tu tombes
Plus bas, que rien ne te sauve.

Et quand tu seras fracassée,
On te reconstruira de tous désirs
Et des meilleurs lubies à venir.
Enfin, si tu te permets d'être sacrifiée.

La mort n'est pas une renaissance,
Pas plus qu'un nouveau départ,
C'est l'univers qui redémarre
En délaissant le jour de ta naissance.

Viens t'enfoncer avec moi,
Sans savoir où on finira.

lundi 1 mars 2021

Arrêt de service

Une passe pour le métro,
Que je passe mes mains
Dans ton intérieur chaud
Quelque part à Beaubien.

Deux cent dollars pour avoir
Ta tête entre les jambes,
Le temps d'une baise d'un soir
Au diable ce que tu flambes.

Traite-moi de salope si tu veux,
Je pense plus à mon crockpot
Qu'à jouer les croque-monsieurs,
Mais j'ai fini ma dernière once de pot.

Le métro passe, tu jouis,
Je te vide tes poches
Le temps que tu souris
Et que tu te vides la poche.

Tu restes les jambes écartées,
Puis un policier t'emmène,
Moi je file pour Cartier
En m'essuyant l'hymen.

Ça t'aura fait une matinée bien chère
À vouloir jouer sur la ligne orange avec ma chair.

Sexoculture

On t'a élevée en sexoculture toi,
On te crève le cœur avec un piquet
Pour que tu pousses bien droit
En te noyant dans l'engrais.

Tu as beau être une vigne,
Tu ne dois pas être plus que deux centimètres
À dépasser de la ligne,
Sinon on te fait disparaître.

Fais bien attention à satisfaire
Le jardinier, ni trop grande ni trop petite,
Voluptueuse mais mince, et te taire
Pour pouvoir goûter sa bite.

Ma sœur à gauche a fini dans le compost
Parce qu'elle se mêlait avec les autres plantes,
Elle faisait les ciseaux, en riposte,
On l'a coupée aux ciseaux, l'insolente.

Ma sœur à droite a ouvert la bouche.
Et moi on suspecte que je n'aurai pas de fruit
D'ici la fin de l'été, on me lèvera par la souche
Pour me faire exposer toute la nuit.

Il va falloir qu'on se débarrasse
De la fertilité toxique
Qui rend l'eau dégueulasse.
L'homogène avec un grand H idéologique.