dimanche 19 janvier 2020

Inné

Il y a de ces secrets cachés de Morphée
Qui me sont susurrés sous les lunes.
Des désirs qui succombent, étouffés,
Par le trop réel sort du grand jour d'infortune.
Des étiquettes affichées et greffées.

Quel destin pour ces âmes en envol
Qui, comme la mienne, heurtent de plein fouet
Le sol froid et terne de la nécropole ;
Des tombes pour les pendus au piquet
Qui étaient castrés au vitriol.

Je n'ai d'ailes pour ces écrasés,
Ces morts au combat ancestraux.
Je n'en ai que pour moi, épuisée
De me battre contre ces maux spectraux
De mon espèce de deux côtés méprisée.

J'ai porté des fanfares au visage,
Des arcs-en-ciel plus radieux et glorieux
Que ceux des intolérants paysages
Devant lesquels ces hommes sont hargneux,
Incapables de tourner, ni même lire, une page.

J'ai ô combien décoiffé mon don natal,
Où chaque couleur sied au plus haut,
Tel un phare face à une perte navale.
Des vermillons et des rouges au chaud
Comme des turquoises et des bleus glacials.

Mais je n'étais jamais en vrai éveil,
Cachée, recroquevillée sous les jougs,
Non de la lueur ardente et chaude du soleil,
Mais du froid accablement des coups.
C'est leur propre petitesse qui les effraye.

J'ai marché et marché sous les lunes,
Tantôt saignante, tantôt sans énergie,
À tenter d'être avec mon âme, qu'une.
Mais mon genre face à ma biologie se réfugie
Dans la mâle misère sans joie aucune.

jeudi 16 janvier 2020

Abandon

Je ne veux plus dormir,
L'ennui ne fait que me punir.
J'expulserai mes neurones
Et les rendrai à l'artificiel imperium.

Le corps en capitulation,
Le corps en coopération,
En plein et total abandon
À l'intelligence en ascension.

Je fuirai l'incessant carnage
De la civilisation en dérapage.
En évitant la race humaine,
En maquillant ma face en porcelaine.

Plus jamais de contradiction,
Je vivrai dans la simulation
Où la biologie en interdiction
Sera remplacée par les machinations.

Délaissez vos astres, vos dieux,
Vos désastres et vos cieux.
L'éternel n'est plus divin,
Le refus machinal est vain.

Ton corps en soumission,
Ta seule absolution.
Soumets-toi à la passion
Soumets ton corps à la destruction.

La résistance se mettra en charge,
Pendant que ton âme se télécharge.

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dimanche 12 janvier 2020

Déracinée

Dans les plus sombres mines infernales,
Où ne poussent ni quartz ni émeraude,
Où la température est à la fois frigide et chaude,
Poussent de putrides racines abyssales.

Ces racines poussent en moi, où la mort
A fait de mon corps son vaisseau,
Accomplissant sa tâche depuis le berceau
Jusqu'aux sombres desseins noirs.

Des poteaux qui empêchent de s'affaisser,
Les parois de ma cage thoracique,
Enfouissant mon cœur volcanique
Dans l'éboulement délaissé.

Car il y a des strates infinies
Que seul un arbre saurait pénétrer,
Ces terres nihilistes empêtrées
De desseins trop souvent aigris.

Ont défilé, ces âmes exploratrices,
Tentant de comprendre l'âme racinaire
De mon cœur en perdition totalitaire,
Elles m'ont toujours parues tentatrices.

Défense par-dessus défense,
Elles ont persévéré comme des guerriers
Débroussant d'anciennes jungles étirées
Sur des kilomètres bien trop immenses.

Pour atteindre quoi ? Dirais-je,
Quelque vieux trésor désuet
Qui, finalement, n'existait jamais.
Un cœur de pierre qui se désagrège.

Maintenant déracinée et à nu,
Rebroussent-elles chemin
Vers la surface, vers le lendemain,
Me laissant en agonie et éperdue.

Risible ironie du cycle de la vie,
Qui se répète par spasmes à force
D'éternelles répétitions sous l'écorce
À chaque année, tuant mon envie.

Mais pour une minute, inévitablement,
Prise au dépourvu dans l'abysse,
Un baiser rend mes épines lisses,
Un court paisible adoucissement.

Toucher des pulpeuses dans un émoi,
Elles disparaissent aussi vite
Qu'arrivées, elles se désinvitent,
Ne sachant qu'elles tuent l'arbre de moi.

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