dimanche 12 janvier 2020

Déracinée

Dans les plus sombres mines infernales,
Où ne poussent ni quartz ni émeraude,
Où la température est à la fois frigide et chaude,
Poussent de putrides racines abyssales.

Ces racines poussent en moi, où la mort
A fait de mon corps son vaisseau,
Accomplissant sa tâche depuis le berceau
Jusqu'aux sombres desseins noirs.

Des poteaux qui empêchent de s'affaisser,
Les parois de ma cage thoracique,
Enfouissant mon cœur volcanique
Dans l'éboulement délaissé.

Car il y a des strates infinies
Que seul un arbre saurait pénétrer,
Ces terres nihilistes empêtrées
De desseins trop souvent aigris.

Ont défilé, ces âmes exploratrices,
Tentant de comprendre l'âme racinaire
De mon cœur en perdition totalitaire,
Elles m'ont toujours parues tentatrices.

Défense par-dessus défense,
Elles ont persévéré comme des guerriers
Débroussant d'anciennes jungles étirées
Sur des kilomètres bien trop immenses.

Pour atteindre quoi ? Dirais-je,
Quelque vieux trésor désuet
Qui, finalement, n'existait jamais.
Un cœur de pierre qui se désagrège.

Maintenant déracinée et à nu,
Rebroussent-elles chemin
Vers la surface, vers le lendemain,
Me laissant en agonie et éperdue.

Risible ironie du cycle de la vie,
Qui se répète par spasmes à force
D'éternelles répétitions sous l'écorce
À chaque année, tuant mon envie.

Mais pour une minute, inévitablement,
Prise au dépourvu dans l'abysse,
Un baiser rend mes épines lisses,
Un court paisible adoucissement.

Toucher des pulpeuses dans un émoi,
Elles disparaissent aussi vite
Qu'arrivées, elles se désinvitent,
Ne sachant qu'elles tuent l'arbre de moi.

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