jeudi 27 août 2020

Courte noirceur

J'ai été absorbée par le vide,

Cet enchanteur perfide.
Tirée par la chaleur de ses bras
Vers ses profondeurs noires
Et me relève de mon sort.

Bercée par la vague d'antimatière
Qui expulse mes dernières bouffées d'air
En s'y mêlant comme l'éthanol.
Je me suis librement attachée
À ses tendres et acides baisers.

L'Éméchée

Il y a le supplice de la peau
Qui toujours se décolorie
Comme la crinière noircie
Après s'être passée à l'eau.

Comme un navire sans ancre,
Quand les garçons tombent
Le reste du corps succombe ;
Il dérive en éliminant son manque.

J'ai ce supplice jusqu'aux os
Jusqu'aux traits du visage aigri
Qui chaque matin se colorie
Après avoir fait le grand saut.

Je me fais un sang d'encre
Quand mes chromosomes partent en trombe
Comme une biologique bombe ;
Ils s'éliminent en m'injectant le manque.

Mes yeux ont un infini rosi
Quand les paupières ont fondu
À coups de soleils décousus
Comme des espoirs surpris.

Sous ma vue il y a celles de la chair
Dans les vieilles forêts abandonnées.
Et entre les lèvres serrées,
Celle qui soufflait de gris morceaux d'air.

Mes vœux ont un son éclairci
Quand le reste a disparu,
À coups de lames sous toutes vues
Comme un imberbe ravi.

Des souliers pour marcher sur terre
Avec les couleurs de la fierté...
Et une jeune fille épatée
Par sa voix qui vibre avec l'air.

samedi 15 août 2020

Escapade

Tu as le don de regarder trop longtemps dans mes yeux
Quand je me perds au fond de mon verre,
Impossiblement dépravée
À la morale écourtée,
Je ne sais quoi dire ni quoi faire,
Sinon de me faire assouvir mon corps vétilleux.

Pendant deux heures
Je vois toutes tes couleurs,
Toute ta chaleur.

C'est quand tes cheveux frôlent mon dos
Et font frétiller tout mon être
Que je t'entends,
Que je te ressens
De plus en plus fort à en disparaître
En un décompte qui finit à zéro.

Je vois la fin qui arrive,
Qui monte, monte, s'ensuive
Mon explosion naïve.

Pendant que je m'endors et que le feu s'éteint,
Je m’enivre en m'accrochant à ton sourire
Qui me défait,
Un peu trop parfait.
Et les yeux fermés, je garde ces souvenirs
Qui nous restent quand on sort après la fin.

mardi 4 août 2020

L'Éclosion de la Damnée - II

Me voilà, seule face au nécromancien qui m'a ravivée
« Mais qu'est-ce qui a bien pu se passer ? »
C'est le couteau mal enfoncé, la corde mal nouée,
C'est les veines qui se referment en entier.

Mes pieds lèvent du sol, un peu plus haut.
Mes lèvres parlent, un peu plus rouges.
Mon corps aminci s'est tiré de l'étau
Et pour la première fois, bouge.

J'ai jeté mon nom aux ordures
Comme on jette un destin noir et froid
Avec le reste des pourritures
Amenées par l'État de lois.

J'ai brisé le miroir, qui cent fois s'est moqué
Comme une brute épaisse dans son silence
Immuable et distant, il s'est volatilisé
Et enfin, mon corps entre dans la danse.

Ce sont les subtilités qui s'accumulent avec les années.
Un tissu qui ne fait plus s’abîme tranquillement,
Une lame redoutée est maintenant un doux moment.
Et dans la décadence des désirs, certains vont détonner
Comme le corset qui ne tient plus en-haut
Et le bas qui peine à contenir ces coups chauds.

Je rêve de robes d'été
Et de vin à la table.
Mon chandail est d'hiver
Mais la bouteille commence à couler.

Inspiration for Mythology Writers | Ancient Greece | Aphrodite ...

lundi 3 août 2020

L'Éclosion de la Damnée - I

À moi qui pensais me connaître par cœur,
Qui pensais plonger dans le bonheur.
Pas du tout.
Je me suis noyée au fond de la marée,
La corde attachée contre les rochers
Au cou.

Et je suis morte,
Traversé la porte,
La vie claquée
Comme le visage
Défiguré par la rage
Des sociétés.

Puis, le vide. L'au-delà infini,
Réconfortant de son noir assourdi,
Puissant et éternel...
Puis en deux secondes, deux cents ans,
Le retour à la tête de mon vivant
Et une dissociation charnelle...

Quelque chose de nouveau
En dormance dans mon cachot
Qui se pointe du sol.
Une jeune rose
Nouvellement éclose
Pour un futur envol.

Human Rib Cage with Heart Dictionary Art Print – Altered Artichoke