jeudi 2 décembre 2021

Dans les tranchées françaises

On voyait le feu depuis Saint-Quentin,
Pendant que la compagnie soufflait ses bougies
On était toujours illuminés par le lointain.

Je me suis vidé le cœur sur le papier,
Et un peu aussi sur le plancher de l'infirmerie,
Sans savoir si la poste allait finir dans le brasier.

J'avais deux pétales en marchant vers Charleroi,
Un peu de café et une lettre inadressée
Qui parlait de mon ancien amant de Troyes.

Et me voilà, écrivant ma misère des tranchées,
Pour espérer en août revoir tes yeux doux
Et sentir contre moi ton corps musclé.

La vérité est que je troquerais le fusil,
Et l'Empire, et la Vertu, pour te sentir
Une dernière fois avant l'assaut de minuit.

J'irai libérer les prisonniers
Qui auraient pu être toi.

On célébrera peut-être quarante-cinq, hé !
Les lèvres collées sous une trinquée.
Comme Verlaine et Rimbaud opiumés.

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