mercredi 27 janvier 2016

Le Baiser noir

Le lent tremblement qui se fait sentir
Des profondes palpitations intérieures.
L'étincelle voyage en mon for qui s'étire
Et s'épand des sensations meilleures.

Le toucher des pulpeuses est lent, saccadé
Puis envoûtant par ces nerfs qui s'électrisent
Et éclatent en une danse rythmée.
Se crispent mes membres, puis gisent.

Seulement, elles sont acérées et macèrent,
Ces pointes d'émail sous les lèvres.
L'étincelle meurt et mon œil se perd.
La noirceur monte à ma tête mièvre.

Il fait noir...

Les journées passent lentement
Depuis mon éveil sans lumière.
Je suis seule avec mon sang
Et mes plus désespérées prières.

Les mois passent en éternités.
Mes muscles tombent en silence,
Tendus pour être mieux asphyxiés.
Pourrissent les cellules en décroissance.

Les années passent pour toujours,
Comme le sang de mes veines tordues
Qui dans ma bouche devient lourd.
Je vis l'éternel silence parmi les cris confondus.


mardi 26 janvier 2016

Comédie

La voilà, à la gorge déployée !
        Ses livres, tombant de ses cuisses,
        Glissant jusqu'à l'ardoise froide du sol.
Ses lèvres au bord de fendre, tant étirées !
        À ma vue, ce sont ses cils qui plissent,
        Alors que le spasme s'étend depuis son col.
On l'entend de la librairie jusqu'au musée !

L'éclat de sa voix qui résonne est immense.
        Elle tremble, telles les nerveuses âmes frêles
        Qui font vagues sur eaux paisibles.
C'est une vague de beauté à entendre, je pense.
        Une vague venant briser la grêle
        Sous ses pieds aux glissements risibles.
Son rire résonne d'une mélodieuse cadence.

Sa vie est une scène de comédie,
        Où à la succession des drames
        Alors que tout tombe de son monde,
Elle revient à la charge, sans répit
        Et derrière elle, que tout se trame,
        Elle défait les masques immondes.
C'est bien pour elle que je ris !



samedi 16 janvier 2016

Morphée

Encor le Soleil qui meurt, après douze heures,
À avoir dardé sans pitié le sol
Et laissé les étoiles prendre leur envol
Dans son succombe au temps court et frivole.
La plus grande s'installe : la noirceur !

Elle s'éveille, la beauté de la nuit, de Nyx,
Alors que tous s'endorment dans ses bras.
Sous oreillers rythmés ou vins calés de grand pas.
Je la regarde, dans mon somnolent trépas,
Susurrer doux mots et montrer chairs que je fixe.

J'ai été trop souvent touchée par ses pavots.
Ô que je t'ai prise pour cette grande muse !
Alors qu'éprise, je tombais dans cette charnelle ruse !
Et qu'on me foudroie, qu'on m'accuse
D'adorer les bras de Morphée aux autres, plutôt.

Sous son sein, entends-je les grands cieux,
Les romances interdites, mais surtout les maudites,
Ou la mégalomanie de la solitude spirite.
Elle est l'auteur des poésies jamais écrites,
Que j'en rêve ! Mais que je les oublie, en aveux.

Que je les oublie...

Dehors, seigneur lumineux, aux ardents rayons !
Qui m'éveillent et me fassent fuir de son emprise
Aux douces mélodies de la nuit qui s'amenuise.
Sa disparition est douloureuse hantise.
Éveillée, je ne retoucherai point ces palpitations.


dimanche 3 janvier 2016

Cadillac 62

Mademoiselle, mademoiselle !
Restez bien assise, alors que je vous ouvre
Votre portière, que mon parapluie vous couvre
La tête à la parfaite chevelure et votre dentelle.

« Gentleman ! » penserez-vous, tranquille,
D'avoir trouvé la perle, ce merle richissime
À la classe distinguée de romance rarissime.
Pavoisies, galanteries, Sybille, idylle.

Vous goûterez la liberté,
Ô amer goût ironique.
Emprisonnement chronique
Que sera cette liberté.

Vous n'avez jamais aimé par choix.
La poigne de fer de l'homme est sans pitié
Pour avoir même un semblant de bien-aimée,
Sa romance n'est qu'un jeu dont il est roi.

« Je suis forte » mais soumise pour lui plaire.
« Je suis libre » de tout sacrifier pour lui.
« Je suis belle » seulement devant lui.
« Je suis morte » au plus profond, d'une voix qu'on voudrait taire...

Mademoiselle, mademoiselle !
Le mascara finira bien par couler jusqu'entre vos jambes,
Où vous tuerez l'espoir de vos filles de ne jamais être grandes.
Mais pour aujourd'hui, dans sa Cadillac, vous serez belle.