dimanche 3 janvier 2016

Cadillac 62

Mademoiselle, mademoiselle !
Restez bien assise, alors que je vous ouvre
Votre portière, que mon parapluie vous couvre
La tête à la parfaite chevelure et votre dentelle.

« Gentleman ! » penserez-vous, tranquille,
D'avoir trouvé la perle, ce merle richissime
À la classe distinguée de romance rarissime.
Pavoisies, galanteries, Sybille, idylle.

Vous goûterez la liberté,
Ô amer goût ironique.
Emprisonnement chronique
Que sera cette liberté.

Vous n'avez jamais aimé par choix.
La poigne de fer de l'homme est sans pitié
Pour avoir même un semblant de bien-aimée,
Sa romance n'est qu'un jeu dont il est roi.

« Je suis forte » mais soumise pour lui plaire.
« Je suis libre » de tout sacrifier pour lui.
« Je suis belle » seulement devant lui.
« Je suis morte » au plus profond, d'une voix qu'on voudrait taire...

Mademoiselle, mademoiselle !
Le mascara finira bien par couler jusqu'entre vos jambes,
Où vous tuerez l'espoir de vos filles de ne jamais être grandes.
Mais pour aujourd'hui, dans sa Cadillac, vous serez belle.


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