samedi 30 mai 2020

États-Soumis d'Amérique

Brûle, brûle, la belle Amérique,
Dans ta poudrerie asphyxiante,
Dans ta gendarmerie incompétente,
Brûle tes racines qui t'empêchent de fuir en panique.

Ton brave soldat policier joue à cache-cache.
   Un, deux, trois, il extermine des rats.
      Quatre, cinq, son fusil se crinque.
         Six, sept, huit, le pétrole a une fuite.
            Neuf et dix, prêt pas prêt, explose l'armistice.

C'est un peu le comble, pour être franc,
De construire une oligarchie simplement basée
Sur des fondements aussi saints que la stupidité
Et de se proclamer divin en affirmant qui est le méchant.

Brûle, brûle, la belle Amérique,
Dans ta chute épatante,
Dans ta vaine propagande,
Brûle, personne ne viendra sauver tes fanatiques.

AP photo of flag-bearing protester rockets around the world | Star ...

samedi 23 mai 2020

Douleur transparente

Elle ne comprend pas comment elle s'est enfoncée
Au fond d'une crevasse qu'elle a elle-même creusée.
Il fait noir, dans sa tête vide,
Qui résonne sur les parois frigides.

Elle a décidé de tomber,
Car c'est facile, d'être docile
À un cœur sourd habitué à vaciller.
Il a éclaté, comme une porcelaine fragile,
En touchant le sol de gravier.

Même si elle se réchauffe dans les froids hivernaux,
Car elle a une explosion à la place du cœur,
Mais le néant à la place du cerveau.
Elle n'a personne pour assouvir sa candeur,
Sa vie est une succession de mauvais pornos.

Ses mains se mêlent dans des cheveux
Qui un à un se déracinent
Du bout de ses doigts mouilleux.
Pendant qu'on pense qu'elle badine,
Elle regrette d'avoir fait ses aveux.

Parce qu'elle est tombée,
Et qu'elle ne sait comment remonter.
Son obsession a de quoi de perfide
Pour quelqu'un qui n'essayait que d'avoir des émotions limpides.

Gustave Courbet | The Stream (Le Ruisseau du Puits-Noir; vallée de ...

vendredi 15 mai 2020

In Memoriam

Je suis un spectre.
Je n'hante pas l'Europe, ni un vieux manoir.
Je ne suis pas un revenant qui s'est fait faussement promettre.
Même si par certains soirs j'ai taquiné la mort,
Ce sont plutôt des aveux que je mettrais dans ma lettre.

Je suis un fantôme.
Une âme qui erre parmi les autres, invisible.
Même vivant, ils ne savent que je m'embaume.
Si, par-dessus, j'ai de ces airs sensibles,
C'est qu'en-dessous il y a les rages des chromosomes.

Je suis tout et rien.
Car je n'ai pas vraiment le droit d'exister.
Car sans moi, d'autres tireraient à leur fin.
Je suis un amalgame d'eau et de feu inusité,
J'ai les lèvres fermées puisque mon corps contrevient.

Je suis la fille de toutes les mères,
Et la sœur de toutes celles avant moi.
Il n'y a pas cent ans, mais bien d'hier,
Que j'aurais été une autre Sonia Zafra.

G McNabb (deepfriedwayhem) on Pinterest

mardi 12 mai 2020

Divergence

Tu as gravé ton nom dans mon bras
Avec un marqueur fluorescent.
Et du bout de tes doigts
Tu as écrasé mon cœur transparent.

Mon corps est brisé,
Le tien est plié.
Pendant que tu te penches,
Je cache mes manches.

Ta tête d'affiche est placardée sur le théâtre
Imaginaire, dans lequel tu danses ce soir.
Devant ces illustrations que j'idolâtre,
Je me perds un peu plus longtemps dans le noir.

Ma tête est cassée,
La tienne est inondée.
Pendant que tu te noies
Mes bras se larmoient.

Et aux fins fonds des boisés ancestraux,
Je ne te trouve plus, ni même l'ombre de toi.
Mes mains rouges se sont asséchées trop tôt,
Comment te voir si je ne suis pas ?

Ton être est changé,
Le mien est coincé.
Pendant que tu me ronges
Je me suis oublié dans mes songes.

Placebo - Every you every me (With images) | Favorite lyrics ...

lundi 11 mai 2020

Mille pensées

L'amour est la plus grande chute,
Et pour tomber, j'ai fait tête rase,
Dilapider mes pensées pour l'extase
D'imaginer l'impossible qui me persécute.

J'ai une centaine de coups à donner pour la violence,
Un autre millier pour boire jusqu'à oublier ;
Une centaine de coups d'état que j'ai rêvés
Pour un millier fouettés sur mon être en transe.

Cent ou mille obsessions,
Sans militer pour les passions.
S'emmêler dans le poison,
Le sang mêlé aux pulsions.

Le bleu du ciel est celui de la mer,
Comme le rouge de mes mains est celui des roses.
Ma chute me donne des nécroses
Et son miel a un goût amer.

J'ai débouché un millésime en mars,
J'ai déboulé mille et six marches.

Je me suis abreuvée dans le ciel,
Pour choir achevée dans le tunnel.

Il y a trop de monde dans ma solitude,
Pourtant personne n'arrive jamais à temps.
J'ai besoin de tomber un peu plus longtemps
Pour pouvoir retrouver mes certitudes.

J'aurais peut-être dû penser
Avant de trancher ma tête,
Et cela, eh bien, m'embête
De ne plus avoir l'ombre d'une vérité.

The straitjacket Painting by Morut Ieronim | Saatchi Art