samedi 31 octobre 2020

Récursif

J'ai rien pour me comparer,
De la façon que tu marches,
C'est moi qui paraît trash.
Passe-moi tes souliers.

Et tes cheveux qui tombent
Sur ta géométrie kinky,
Ton excentricité curvy,
C'est simple, je succombe.

Une dose, une overdose,
Un baiser, m'affaisser.

Et quand je sentirai la lourdeur
Qui se sera accumulée
À force de toujours abuser,
La passion sera juste meilleure.

Prends un autre verre,
Je bois pour ta voix
Que je voudrais en moi
Si les flots peuvent nous taire.

Je te veux autant sur ma peau
Qu'en-dessous, recto-verso.

mardi 27 octobre 2020

Saint-Laurent

Il y a une rivière, derrière ma tête,
Aux cours aussi sinueux qu’infinis
Qui s’entremêle aux mers du passé
Comme au lac qui fuit.
C’est le son qui coule de la bouche de la bête.

Ses vagues grondent sur les galets
Avec son courant aussi froid qu’électrique,
Une rivière qui a été avalée à l’ouest
Pour se faire recracher dans l’Atlantique
Comme un bleu trop blanc et rouge en rejet.

Elle est enjambée par des géants de béton
Et de métal qui coupent son île
Où elle est regardée par toutes les fenêtres
Dans ces machines retenues par un fil
Pour éviter de couler dans les bas-fonds.

Ses glaces sont aussi froides qu’impitoyables,
Avalant quiconque s’y aventurant.
Et à leur fonte printanière
Plutôt que de disparaître avec le courant,
Elles se multiplient, inondant les terres arables.

Pour le Québec, ce sera bien son dernier moment :
Se faire avaler par le fleuve Saint-Laurent.

lundi 26 octobre 2020

Aphrodite

Volupté,
On m'a arrachée,
Aphrodite a volé mon corps
Et je suis nue au grand dehors.

Aphrodisiaque,
La petite pilule en vrac,
Mes hanches débordent
Chaque fois que je l'absorbe.

Je n'ai rien d'un temple grec,
Mais Elle n'en a jamais été perturbée
Elle qui me permet d'emprunter son corps,
Emprunter son nom, que je me promène avec,
D'être tout d'Elle, de la tête aux pieds,
En attendant les effets du remède que je mords.

Pinard !
Je descends d'Ishtar,
Que d'autres appellent Vénus,
Je n'ai rien d'Arès, quel rictus.

Love,
Mon corps s'innove.
Je ne cherche pas des prêtres,
Mais à simplement être.

dimanche 25 octobre 2020

Ode au voleur d'intégrité

Un, deux, trois, et saute,
Saute sur les flaques
Rouges couvrant le tarmac
Où les ailes ne sont plus hautes.

On a marchandé ton amour
Et revendu tes tripes,
Car quand ta tête se dissipe,
C'est que quelqu'un te savoure.

Oh, ne pleure donc pas !
Il y a longtemps que c'est foutu,
Que tes larmes ne servent à rien.
N'en fais donc pas un cas !
Si tes jambes ont été abattues,
Et que le reste nourrit les chiens.

Tu es devenu métal avec cette récolte ;
Il y a tant de fer dans ton gosier.
Quand les couteaux sont syndiqués,
C'est ta peau qui subit la révolte.

Et on défend le meurtrier,
Et on défend le crime,
Parce que si on te supprime,
C'est qu'on prend plaisir à te heurter.

Chante ! Quand je tiens ta gorge,
Et danse ! Quand tu ne peux te relever,
C'est un magnifique jeu à te rendre sourd.
Souris ! Que le métal te forge,
Et ris ! De l'art fait de ton corps en quartiers,
Juste pour toi, on a préchauffé le four.

La Fille en démesure

Ma tête fond sur le plancher
Comme les traces de peinture
Qui s'effacent sur le mur,
J'agis encore en dépravée.

Mes jambes sont recouvertes
D'une honte putride qui salisse
Et se liquéfie du haut des cuisses,
Se mêlant à l'acide dans mes plaies ouvertes.

Je me réveille de mon sommeil
Pour me retrouver dans un autre,
Prise au piège dans ma tête en faute
Et mes yeux se perdent dans la bouteille.

Arrêter d'attendre des heures ;
La vie en version premium.
Le bonheur est sous l'aluminium,
Caché au fin fond du congélateur.
Le désir est sous un vieux corset
Qui éclate après trois chardonnays.
L'envie est dans la couture
Qui révèle la démesure.

Je veux rester dans sa bouche
Qui ne cesse de s'emplir
Encore jusqu'à en souffrir
Et m'enfoncer où elle me touche.

Et je veux rester dans le rêve,
Et empêcher demain d'arriver,
Et prendre encore une bouchée
Et l'alourdir sur le siège.

Peut-être qu'elle est autant dans mes pensées
Que je suis dans les siennes à me dépraver.

mardi 6 octobre 2020

Emportée

Est-ce que tu dors encore ?
Affaissée au fond du lit froid
Où je m'étais faufilée.
As-tu été emportée par la mort ?
Ton visage semble encore trop délicat
Où ses traits ont été tirés.

Je m'y vois, inerte,
L'amour en perte
Sous les couvertes,
Avant que la chaleur ne se déserte.

Je t'imagine, le corps rose,
Avec les dents dans le matelas
Et les cheveux au plafond.
Tu tremblais à chaque pose,
Comme un choc après les dégâts,
Quand le sang cessait sa circulation.

Sentir tes mains,
Ton corps sur le mien,
Assouvir la faim,
Et espérer ne plus avoir de lendemain.

Ce qui a commencé par les baisers
A fini dans les cachots du nord
Où ma tête pointe depuis longtemps.
Je pense encore aux derniers,
Perdus dans le froid dehors
Qui m'ont vidée de mon sang.

Tu es illégale,
Un dommage collatéral,
Un faux-pas musical,
Tout ce qu'on fait avant de retirer le dernier pétale.

Mais tu sais quoi, au final ?
Je referais les mêmes erreurs,
Si je finissais par te revoir.
Macchabée, oublie le mistral,
Et les proses qui font peur,
Je veux autre chose que des mémoires.