mardi 27 octobre 2020

Saint-Laurent

Il y a une rivière, derrière ma tête,
Aux cours aussi sinueux qu’infinis
Qui s’entremêle aux mers du passé
Comme au lac qui fuit.
C’est le son qui coule de la bouche de la bête.

Ses vagues grondent sur les galets
Avec son courant aussi froid qu’électrique,
Une rivière qui a été avalée à l’ouest
Pour se faire recracher dans l’Atlantique
Comme un bleu trop blanc et rouge en rejet.

Elle est enjambée par des géants de béton
Et de métal qui coupent son île
Où elle est regardée par toutes les fenêtres
Dans ces machines retenues par un fil
Pour éviter de couler dans les bas-fonds.

Ses glaces sont aussi froides qu’impitoyables,
Avalant quiconque s’y aventurant.
Et à leur fonte printanière
Plutôt que de disparaître avec le courant,
Elles se multiplient, inondant les terres arables.

Pour le Québec, ce sera bien son dernier moment :
Se faire avaler par le fleuve Saint-Laurent.

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