jeudi 1 décembre 2011

Tuerie émotionnelle

L'âme monte dans l'arbre, un ruban vert à la main, qu'elle attache sur son arbre, afin qu'il palpe l'écorce comme elle le touche. Elle pose le ruban, doux et si fin de sa soie, puis le noue. Étant posé contre la branche, elle l'observe, flottant dans le vent qui porte ses extrémités. Elle tend la main pour le toucher, le caresser de sa finesse infinie avec ses mains douces, pourtant si à force de grimper. Elle laisse glisser sa main le long du ruban, le flattant dans son entièreté, puis laisse tomber son bras dans un geste de lenteur triste.
Elle redescend de l'arbre, regardant le ruban qui flotte, elle redescend, le voyant flotter sur sa branche et, du sol, voit cet arbre verdi de tous ces rubans qui, dans le vent, crient les lamentations qui les ont amenés à être noués à l'écorce. Elle entend ces deux cents cris, qui percent ses oreilles accablées, ces deux cents rubans verts qui portent la voix de deux cents vents. De deux vents, de l'un battu et de l'un désespéré.
Elle les aura posés, un matin de tristesse pour oublier le monde.
Elle les aura attachés, un soir de dépression pour pleurer le monde.
Elle les aura touchés, une nuit de solitude pour se sentir moins seule dans ce monde.
Elle aura renoué le noyer au ruban vert de ce jour pour oublier la lame qui pourrait la transpercer, lui faire tout oublier pour de bon, sans avoir à remplir de tissus son seul ami imposant fait de bois et de vent. Le ciel aura tourné aux couleurs des feuilles que l'on voit en automne, au milieu de son hiver froid. En rougissant ses doigts, elle verra le ciel, sans ses nuages, vert de soie, couleur de l'espoir qu'elle aimerait avoir. Fermant les yeux, elle tombe dans les rêves qui la transportent hors de son hiver, plus loin de son arbre. Elle se laissera tomber dans la neige, comme on tombe sur un corps ensanglanté, comme on fait fondre la neige quand on est enfant. Elle se laissera gésir sur le sol, gisant comme une damnée, collée au sang de son amour qu'elle ne peut donner, qu'elle laisse couler sur la neige froide et sans remords, le laisser couler abondamment, pour son cœur qui déborde.
Elle se réveillera au printemps alors que les tempéraments du temps, durant son sommeil éternel, auront arraché chacune de ses tristesses attachées à son arbre, et les auront laisser bourgeonner et fleurir, laissant pousser deux milles feuilles verdoyantes du vert le plus pur. Elle n'ouvrira pas les yeux, plus jamais, mais sera apaisée derrière ses paupières encore rouges, voyant son arbre grandir devant elle, elle se fera enterrer sous la terre. Elle y rejoindra les racines profondes de son amour et ne fera plus qu'un avec celui qui savait prendre ses tristesses et les transformer en quelques bonheurs éternels.

Emotional killer

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