mardi 29 décembre 2020

Tempête de neige

L'hiver approche, sur la plaine,
Marchant tranquillement,
Avec le froid qu'il amène,
Une glace sur les auvents
Et du givre dans les veines.

Ah, comme la neige a neigé !
Sur les runes gothiques
Où mon nom a été emporté ;
Un coup de vent dans le portique
Dans sa chaleur empoisonnée.

Les jardins en repos
Se font couvrir d'un tapis
Qui tombe en blanc rideau
Sous mes yeux épris
Couvrant mon manteau.

Devenue invisible,
Je chasserai l'été risible.
Mon verre de glace
Qu'il éternellement se refasse.

lundi 30 novembre 2020

Coming out aux oubliées

Macchabée, tu es aveugle, ouvre donc tes yeux
Que tu voies comment le temps est loin des adieux,
Comment tu as manqué mes millers d'aveux.

Regarde les pages des douze dernières années,
Comme elles ont réussi à effleurer ta beauté
Toujours en finissant par t'abandonner.

À toi, dont j'avais effleuré les mains,
Effleuré les lèvres, mon corps contre le tien,
Comment j'aurais aimé que ce soit le mien.

C'est ma couleur identique à celle de tes prunelles
Qui renvoyait ton image en moi, simple et belle,
Quand on dansait sous la pluie de notre ciel.

J'ai tant essayé, oh ! Je n'ai jamais arrêté,
De te donner un cœur, une main, des baisers,
Alors que je n'avais d'yeux que pour tes mirettes irisées.

Que je l'aie su plus tôt, je n'ai jamais voulu,
M'avouerais-je, être avec toi, je l'ai bien vu,
Je voulais être toi, avec tes artifices et nue.

Ce sont nos secrets devant le miroir,
Que j'espérais traverser et enfin voir
Ton reflet, après chaque jour, chaque soir.

Macchabée, où est donc passé le temps ?
Celui qu'on a jeté dans la rougeur du vent
Dans un élan passif, tranquille et mourant.

Il est derrière, loin derrière, oublié sur le comptoir
Avec le maquillage, les robes et le peignoir,
Mais il existe encore quelque part, blanc sur noir.

Lorsque je vacille, dans les corridors infinis,
Je me dis qu'un jour de plus, un seul vendredi,
Pour me sortir du placard aurait suffi.

dimanche 29 novembre 2020

La Fleur qui se déracine

Atome libre,
Qui vibre,
Tes yeux sont doux
Et tes cheveux flous.

C'est la façon que tu danses,
Le vent soufflant dans ta robe,
Le soleil monte, tu tombes en transe.
Et avec toutes les paroles que tu gobes,
C'est ta façon de vivre la décadence.

Viens cueillir tes désirs,
Comme des fleurs d'opportunités
Qui poussent avec tes rires,
D'un engrais alcoolisé.
Laisse-les grandir et fleurir.

Petite fibre
En déséquilibre,
Viens et entre dans la balance
De l'univers en croissance.

On maillera tes vaisseaux
Que tu deviennes sanguine
Et libre ! Du passé, du berceau,
Et de la chute du haut de la colline
Jusqu'au trou noir au fond de l'eau.

Abandonne-toi devant les déesses,
Devant toutes les créatrices,
Laisse tes peurs au portique, tes détresses
Au sous-sol, le seul supplice
Est de t'emplir d'allégresse.

Saute !
Sans faute,
Par la fenêtre,
Elle attrapera ton être.

Tu flotteras, l'âme en l'air,
Et Elle prendra ta place,
En quittant l'atmosphère,
Ton corps restera de glace
Pendant qu'on chauffe tes nerfs.

Prend sa main,
Laisse-la te métamorphoser.
Saute dans le ravin,
Laisse-la s'interposer.
Tout sera divin,
Hors-terre, si tu sais t'y retrouver.

samedi 28 novembre 2020

Route américaine

Je n'ai que peu de mots à dire
En partant pour un si long voyage.
Mes valises ne font que s'alourdir
Le temps qu'on enlève les barrages.

Regarde avec moi par la fenêtre,
Qu'on se raconte nos passés
Je te dévoilerai mon être
Tant que tu restes réveillée.

On comptera chaque roue
Au New Jersey, devant le péage,
Et je te parlerai de nous,
Endormie, le regard contre le paysage.

vendredi 27 novembre 2020

Rave

Mes jambes sont trop peu habillées
Avec le peu de cuir qui les couvre,
Viens donc assouvir ton fix,
Chez la belle dominatrix,
Observe, alors qu'elles s'ouvrent,
Que t'espères pouvoir te réchauffer.

Comment réagiras-tu,
Quand les courroies sur mes cuisses
Ne sont pas là pour retenir la peau,
Mais pour retenir le couteau
Qui tombe et qui glisse
Sur ta gorge abattue ?

Un con de perdu,
Dix femmes libérées.

jeudi 26 novembre 2020

Aphrodite II - Incompréhension corporelle

                Dans ma tête,
Une noétique trop lointaine,
Je sieds ci-bas, d'intuitions,
Comme une eau de fontaine
Sur le point d'ébullition,
Cherchant à déborder, incertaine.

Comme Elle est divine !
Je ne peux m'empêcher
De rester simple, mais sublime,
Sous son regard partagé
À travers mes mirettes pralines.

Ce que je vois, c'est Elle,
Sous mon menton,
Jusqu'au sol, irréel,
Des espoirs devenus ronds
D'une puissance naturelle.

Elle m'est aphrodisiaque,
Sa chaleur, mielleuse,
Qui enfin, me détraque
De mon allure pernicieuse
Sans rendre mes yeux opaques.

Et lorsque ma main entrera,
Tranquillement, Elle me guidera,
Toujours là.

mercredi 25 novembre 2020

Amour illégal

Mon amour est illégal
Dans soixante-douze pays
Et onze où mon mal
Me donnerait la mort comme répit.

Et quatorze, pardi !
Où je n'existerais pas
Si on apprenait que ma vie
N'est pas du genre qu'on assuma.

Alors je brûle le passé,
Brûle les cieux trop doux,
Où toutes les âmes sont pareilles.
Le feu viendra des cités
Et montera partout
Consumant tout sous le soleil.

Nos baisers seront un phare,
Illuminant depuis nos enfers
Capable d'éblouir Paris.
Je veux faire de mon espoir
Un quai vide de misère
D'où la Seine coulera à l'infini.

Viens avec moi prendre un verre,
On jouera aux marxistes
Avec un vin digne d’Apollinaire,
Le temps que la vie soit moins triste.

Oublie, pour un moment,
Que mon amour illégal
Apportera du tourment,
Reste avec moi, en égale.

mardi 24 novembre 2020

Chocolat

La façon que tes pulpeuses flamboient
Laissant couler le fondant de chocolat
Se faire lécher, elles me foudroient.

Ton regard me pousse à l'inévitable,
Et quand tes formes épousent la table
Tes mirettes deviennent incomparables.

Ce sont mes hanches contre tes hanches
Et la soif de chair qui se déclenche,
Nos intérieurs ne sont plus étanches.

J'imaginerai encore tes mains,
Chaudes, durant tout le lendemain
Descendant au profond de mon ravin.

lundi 23 novembre 2020

Noyade

Quand le vide t'absorbe
Que ton être se résorbe,
À force de devenir entropie,
Dans un noir infini,
C'est le cri du profond,
Le spasme et la distorsion
De tout ce qui existe,
Dans un tourbillon irréaliste.
Tu tombes, et retombes,
Déboulant en trombe,
Toujours plus bas,
Toujours moins là,
À en devenir uniforme,
Et sans forme.
Ferme tes yeux,
Ce sont les adieux.

dimanche 22 novembre 2020

Caustique

J'ai un timbre sur la langue,
Mince comme la peau de la mangue
Qui fond et devient nectar
En rendant mes sens hagards.

Je suis tombée dans des mirettes
Si profondes et si abstraites,
À la fois en moi et devant,
Aux imperceptibles mouvements.

Elle a un goût azur électrique,
Teinté de vert et de rouge brique.
Son parfum est bruyant
Mais ses cheveux calmants.

Ses mains remontent jusqu'aux épaules
Jusqu'à ce que mes organes les frôlent.
Ses mots résonnent d'une lumière
Si grande, d'où je vois naître l'univers.

Et mes mains, sur elle, coulent,
Et se déferlent, puis se défoulent.
Mon toucher est rouge, le sien
Est silencieux, mais tout aussi bien.

Et lorsque je recrache la mort,
Assises les deux au rebord
D'un simple et vieux sofa,
Il ne reste que nos sourires béats.

samedi 21 novembre 2020

Injure à la normativité

Il y a deux yeux,
Un vers le ciel,
Un vers le creux
Du monde matériel.

Mon signe est sous l'excitation de la Lune,
Le tien dans la complaisance de tes fortunes.

Mon cœur est libre,
Le tien est noir.
Alors que je vibre,
C'est le désespoir.

Je n'ai rien à faire de tes paralogismes,
Ta personne n'est que constructivisme.

vendredi 20 novembre 2020

Plaisir de passage

Trois coups à la porte,
Et ton linge reste sur le palier.
Ta parure ne m'importe
Si ton cœur est excité.

C'est mes ongles dans ta peau
Et mes dents dans tes lèvres.
Nos corps fondent sous l'eau
Et fusionnent comme la sève.

Jusqu'à minuit à te dire je t'aime
Et finir en silence une clope,
Épaule contre épaule une deuxième,
La fumée qui nous enveloppe.

jeudi 19 novembre 2020

Scratch

Tout est noir sous les cieux de Skaia,
Car l'héritier du souffle a levé le vent
Pour grafigner l'univers, et créa
Un nouveau, par-dessus le même temps.

Car le chevalier du temps, disparu
Avec la prophète de la lumière
Dans l'anneau le plus éloigné dû
Tout abandonner avec misère.

Ne restait que l'espace, pour une sorcière
Aux airs sereins, qui commença l'ascension
Par le courant fourni par les airs,
En contournant la destruction.

L'héritier, le chevalier, la sorcière et le prophète,
Passeront trois ans dans le néant,
Le temps que le temps se répète
Et vienne à recréer l'univers géant.

mercredi 18 novembre 2020

Visite à Circé

Que viens-tu faire, dans l'antre de Circé ?
À troubler ma solitude centenaire,
Ton visage vient bien me plaire,
Mais que cherches-tu, chère troublée ?

Tu as entendu cent fois ma misère,
Mon épopée homéresque,
Qui a plus d'une piteuse fresque
Que de la toile extraordinaire.

On me targue de changer ces hommes,
Qu'ils deviennent des pourceaux,
Alors que, déjà sur leur bateau,
On mange comme un imperium.

Ils sont devenus ce qu'ils sont,
Des bêtes à quatre pattes
Le gosier éclatant de patates,
De bière et de bison.

J'eus un faux caractère
Mes mais n'ont pas bougé,
Mais demande à Hécate,
Elle n'en prend point à la légère.

Mon palais prisé est rempli
Des récoltes de Déméter
Et, d'Artémis, ses cerfs
Aux parfums salés et cuits.

Cette abondance n'est mienne,
Bien que je la partage,
Pas aux marchands de Carthage,
Encore moins aux marins de trirème.

Elle est pour mes sœurs,
Alors bois et cale le vin,
Savoure encore et sans fin
Car je ne peux, j'ai bien peur.

Tu ne deviendras point animale,
Mais partage une seconde mon drap,
Bien rapidement, tu verras,
Qu'il existe une bête primale.

mardi 17 novembre 2020

La Grande Intimidatrice

Tu me regardes
De l'autre bord, insonore.
Je suis fuyarde.

Je t'imagine bien,
Avec tes mirettes muettes
Et tes lèvres dans le vin.

Tes allures félines
Et tes manières langagières,
Dopée à la caféine.

Viens te surexciter
Sur mon corps, sans effort,
Je veux te le laisser.

Je serai ton canevas,
Assouvis toutes tes manies
Sur mon être froid.

Fais de moi une thèse,
Une analyse, que je sois soumise
À ta rigueur anglaise.

Je ne veux pas te prendre,
Prends-moi, et garde-moi,
Que j'arrête d'attendre.

lundi 16 novembre 2020

Liaison covalente pentatonique

Les cinq, assises en cercle,
Les mains des unes dans les autres,
Les pensées de l'une dans la nôtre,
Éternelles, assises pour des siècles.

Toutes à la fois, et aucune en même temps,
La tête au centre, les quatre aux coins,
À chaque élément son cardinal de saison,
Et l'ascension vers le pouvoir qui descend.

Chantez mes sœurs,
Chantez pour Circé,
Pour la joie et Hécate,
Jusqu'aux petites heures.

Aphrodite te donne son amour,
Sous la protection d'Athéna,
Le règne matriarcal d'Héra,
Et Hestia, d'où notre séjour.

Prends ma main, que je prenne la tienne
Et que plus rien ne nous retienne.

dimanche 15 novembre 2020

Néo-Théogonie

« Que fais-tu, à pénétrer l'antre
Des Enfers où Elle sied ?
Ton visage m'apparaît mortel
Et Elle a toujours un goût de fiel
Pour les communs de l'humanité.
Si tu souhaites mourir, entre ! »

Aporie ! Mon corps est déjà délaissé,
Je te parle de cœur, non de tête,
Je sais que tu ne m'aideras dans ma quête,
Mais entends mes nécessités.

« Tu connais mon nom, mais point la misère,
Ici, on te noiera sept fois,
Et tu baigneras dans Léthé
Pour tout recommencer,
Jusqu'à enterrer cette voix
Dans les confins de cette terre. »

Fais ce que tu veux de ma carcasse,
Je l'ai abandonnée il y a longtemps
Quand Hécate a pris mon sang,
Je vis en Elle, je ne veux plus de la surface.

« Que viens-tu donc faire
Miséreuse ! Cerbère dort,
Mais son appétit est éternel,
Agenouille-toi à mon autel
Ou tu finiras comme Nestor.
Je veux entendre la vérité de ton air. »

Tu feras ce que tu veux de ma chair,
Je fais maintenant partie du tout,
Je suis venue rejoindre le dessous
Pour ne faire qu'un avec ma bergère.

        Et derrière les portes,
        Hécate apparut,
        Simple et menue
        Qu'elle l'emporte.

« Tes vœux sont tangibles,
Réjouis-toi de sa grâce.
Elle laissera ton corps en-haut
Mais il ne sera plus au chaud,
Il sera sien, pour son extase
Et retrouver sa magie sensible. »

samedi 14 novembre 2020

Intoxiquée

Un autre verre ! Mes amours,
Il y a toujours plus à boire,
Quand ton foie est en amour !
Toujours plus à boire !

J'embrasse autant le pinot que le merlot
Qui coulent sur mes pulpeuses
Et rafraîchissent mes muqueuses,
Jusqu'à monter au cerveau.

Et j'en perds la tête,
À force d'être dans la fête.

Et j'en perds les mots,
Qu'est-ce que quoi, de l'eau.




En vrai, j'abandonne mon corps intoxiqué
En espérant jamais le retrouver.

Et renaître demain matin,
En attendant, j'abuse du vin.

vendredi 13 novembre 2020

Prisonnière

Réveille-toi, ouvre tes yeux.
Tu ne sais pas où tu es ?
Pourtant, tu es venue de ton accord.
Ce soir sera bien délicieux.
Tes bras et tes jambes dépassaient,
Je les ai attachés à ton corps.

Sanglée jusqu'au cou,
Tes yeux en larmes,
Et ton sourire en coin.
Es-tu la victime, ou
Tu réclames mes armes ?
Je serai à tes soins.

Et l'arsenal tombe sur ta peau,
Et tu cries de plus en plus fort.
Après chaque invasion dans l'étau,
Mes mains basses redoublent d'effort.

Le pire supplice reste à venir,
Car tu restes sur ta faim,
Il reste à te gaver de plaisirs
Qui resserreront les liens.

Ta maîtresse est l'excès,
Et la pâtisserie déborde.
Je t'emplirai sous le corset
Jusqu'à éclater les cordes.

Qu'étais-tu venue faire ?
Dans mon palais, je me demande,
Tu es incapable de te lever.
Même sans cordes, tu vocifères
Et ton entrejambe tremble,
Tu ne voudrais pas rester ?

Mais tu es bien trop lourde,
Profite d'être détachée
Et dors bien pour cette nuit.
Si tu pars, je serai sourde,
Mais si tu comptes rester,
Pardi ! Tu te réveilles et je te lie !