mercredi 18 novembre 2020

Visite à Circé

Que viens-tu faire, dans l'antre de Circé ?
À troubler ma solitude centenaire,
Ton visage vient bien me plaire,
Mais que cherches-tu, chère troublée ?

Tu as entendu cent fois ma misère,
Mon épopée homéresque,
Qui a plus d'une piteuse fresque
Que de la toile extraordinaire.

On me targue de changer ces hommes,
Qu'ils deviennent des pourceaux,
Alors que, déjà sur leur bateau,
On mange comme un imperium.

Ils sont devenus ce qu'ils sont,
Des bêtes à quatre pattes
Le gosier éclatant de patates,
De bière et de bison.

J'eus un faux caractère
Mes mais n'ont pas bougé,
Mais demande à Hécate,
Elle n'en prend point à la légère.

Mon palais prisé est rempli
Des récoltes de Déméter
Et, d'Artémis, ses cerfs
Aux parfums salés et cuits.

Cette abondance n'est mienne,
Bien que je la partage,
Pas aux marchands de Carthage,
Encore moins aux marins de trirème.

Elle est pour mes sœurs,
Alors bois et cale le vin,
Savoure encore et sans fin
Car je ne peux, j'ai bien peur.

Tu ne deviendras point animale,
Mais partage une seconde mon drap,
Bien rapidement, tu verras,
Qu'il existe une bête primale.

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