samedi 14 décembre 2019

Souvenirs

J'ai des confidences, pour une éternelle muse,
        Une inspiration insistante en moi
        Qui malgré tous les émois,
A persisté, même si trop souvent diffuse.
        Ce sont ses yeux profonds,
        Où avec son âme je me confonds,
Tel l'alcool qui dans mon corps s'infuse.

La vérité est que, m'éloignant, toujours cryptique,
        Mes desseins sont contraires,
        Mais décidant de me taire.
Mes idées effritées s'en voient devenir obliques,
        Ne désirant que me rapprocher,
        Rapprochant le charnel du toucher.
Mes poèmes d'excitation ne sont que barbituriques.

Ce futile désir incessant de vouloir me rapprocher
        De vieux millénaires déchus,
        De souhaits bien échus.
Rien ne serait pareil, ô belle muse, du passé ?
        Des espérances divergentes
        De la réalité incessante,
Comment rejoindre ce qui n'a jamais vraiment été ?

Oserais-je dire ton nom, si simple, si beau,
        Au grand jour public,
        Et affirmer du lubrique ?
La luxure est certes un désir au tombeau,
        Pour nos chemins incroisés
        Dans ce futur déboisé.
Je me crois en enfer, donc j'y suis, dirait Rimbaud.

Tu m'es simultanément damnation et inspiration,
        Rimant à la fois à l'endorphine,
        Et quelque peu à une toxine.
Je m'acharne à parler au silence, en admiration.
        Mes sentiments en série,
        Bien qu'harmoniques, plient,
Divergeant, Maclaurin a là bien raison.

Verrai-je le jour, qu'une fois avant la mort,
        Où je ne serai affligée ?
        Où tu résonneras, mirée,
Dans mes mirettes ébahies d'avoir tort
        De ces années d'aspiration,
        Ou plutôt d'inspiration,
Et savoir que la joie maintenant t'arbore ?

J'ai la calme patience des condamnés,
        Qui n'espèrent plus

        D'assouvir leurs vertus.
Je sais trop bien ton sort lointain est amené
        Toujours plus loin,
        Où personne ne te rejoint.
Je dormirai en cuillère avec mes souvenirs estimés.


Malade

Laissez-moi crier ! Affligée au mur,
Rire au grand jour pourri,
En clocharde du monde onirique,
Plus rien ne vaut la peine d'être ri,
À moins d'être niais en priant le futur !

Ô quelle absolution absurde,
Pour ceux priant les dieux,
Convaincus dans leur mutisme,
D'être les plus beaux, mais être chieux,
Ils pourriront dans ma tombe insalubre.

Un peu hystérique, un peu aigrie,
J'ai la douleur qui m'étripe,
Même si autrui n'en fait que fi,
Je les laisse étendre leurs tripes,
Un jour ils glisseront sur celles-ci.

Où s'en va la belle civilisation ?
Dans le fond de la cuve,
J'en ai bien peur, adieu la vertu !
Son odeur est vieille effluve,
Le monde est mieux en damnation.

Tous des serviettes, des gueux !
De vieux chiffons sur deux pattes !
Moi y compris, dans notre patrie,
C'est bien l'ironie qui fait que je m'éclate,
Devant ce sinistre sort piteux.

Même si la mer a le goût de sang,
Et que les forêts sont vendues à rabais,
Le mitoyen citoyen reste sur son futon,
Ils lui vendent la peau du cul, le niais,
Mais il est certain de ne pas être dans le plan.

Nous sommes tous des mendiants infortunés,
Des êtres floués dans l'acide,
Qui fondent, cerveau premier !
Car tous bien trop flaccides,
Nous ne verrons même pas le prochain été.


vendredi 13 décembre 2019

Rêvasse

À force de me faire mordre,
Incessamment de la tête aux chevilles,
Je me suis repliée vers de vieilles villes
Intérieures où je n’ai que mon désordre.

Des champs, des cieux et des mers,
Aux infinies possibilités.
Des simplicités et des complexités
Qui sont miennes, sans travers.

Tout ce qui me reste sont ces rêves
Ces précieuses possessions dernières,
Qui parfois me font avancer par derrière
Vers des malchances que je compte par treize.

Laissez-moi mourir dans l’onirisme,
N’est-il pas parfait ? Si délicat,
Et jamais présent de ces tracas
Propres à l’éveil et l’empirisme.

Les défauts empreints de réalité
Sont pires pour quiconque avec une tête
Prête à s’aventurer contre la conquête
Du réel, du tangible et de la vitalité.

À force d’être à moitié vivant,
Je m’endormirai éternellement.
À force d’être à moitié mort,
Je l’accepterai consciemment.

Binarité

Doux courroux de la petitesse des sociétés,
Qui te poussent à être chromosomique :
Soit avant, soit arrière, mais pas excentrique ;
Soit gauche, soit droite, toujours empiétée.

Qu’il est risible d’être démonisée pour un tissu,
Des couleurs et de douces ribambelles.
Ta situation semble être sans issue,
Quand tous clament que tu ne puisses être belle
Sans changer le jour où tu as été conçue.

Stupidité des loufoques sociétés
Qui te vendent ces idées illogiques :
Sois belle, sois parfaite, mais pas tragique ;
Sois docile, sois soumise, toujours émasculée.

Montre-leur tes plus beaux tissus,
Aux infinies couleurs charnelles.
Prends les armes pour les déchus,
À qui on a interdit ce qui est pourtant réel
Pour quelque excuse préconçue.

Fichtre ! Des maudites sociétés,
Qu’elles brûlent des jougs démoniques.
Soit l’une, soit l’autre, la mort sera chic !
Soit hier, soit demain, comme si elles n’avaient été.

Étrangle-les de longs rouges tissus
Après avoir dicté tes couleurs éternelles.
Il n’y aura point d’âme trop cossue
Pour t’imposer ses limites artificielles
D’une binarité installée à ton insu.

Il n’existera de ces anciennes sociétés,
Qui à petit feu nous éradiquent :
Tant soit peu ouverts, mais démocratiques.
Tant soit peu libres, toujours emprisonnés.

Tu ne passeras jamais inaperçue,
Étant un magnifique homme partiel,
Une femme plus jamais déçue,
Et tout ce qu’il y a entre, ou au pluriel,
Mais jamais honteuse de ce que tu as reçu.


Carnivore

Le vent dans la trinquette,
Décousue et désuète qui claque
Tel un clan à l’attaque,
Décadre de sa trajectoire secrète.

Elle se fait manger lentement,
Dans sa main tendue vers les cieux,
Plus bleu que celui des jours hargneux,
Et déchire sous des poids éminents.

La coque à chaque coup,
Contre le lac accablant,
Tient le cap plus qu’avant,
Malgré les occlusions des courroux.

Rien ne sert de continuer à naviguer,
Car malgré les insurmontables remparts
Qui nous poussent vers quelque part,
Rien n’est possible quand on ne peut avancer.

Comme le verre cassé si fragile,
Il n’est que consumé tout cru,
Encore vivant de ses cris accrus,
Ses calomnies ne font que kill, kill, kill!

Ses épaves partiront à la dérive,
Après avoir été dévorée en entier
Jusqu’aux moindres traces de son humanité,
Vers quelconque vieille rive.

Le calme clamera ces accidents,
Qui cesseront après quelque mort
Inévitable ! Par les carnivores.
Ses cris seront perdus dans le vent.

jeudi 17 octobre 2019

Drei

L'auteure des fictions ne saurait,
Par ces pulsions incessantes,
Reconnaître l'arrachement qui dévorait
De l'intérieur ses envies pesantes.
Quelques secrets entichements niais !

Oh, quel engouement délectable,
Que celui des âmes charnelles
Par trois fois rendues insatiables.
Des assouvissements en ribambelle
Et des pulsions incurables.

Elle ne peut savoir l'impossible :
Ce qui n'a de mot pour être décrit,
Et ne possédant d'élément indivisible.
C'est le tout, c'est nous, c'est ici
Et c'est partout, mais inaudible.

Ses livres l'ont mené vers d'étranges forêts
Aux arbres aussi grands qu'imposants,
Tous au-dessus de son être muet,
Surplombant son corps en couvent,
Nu contre les pages de vieux sonnets.

Rien n'est réel en ces vieilles contrées,
L'imaginaire est un bien meilleur miel
Qui, dans cette paix, peut être savouré.
Il n'y a point d'amertume, point de fiel,
Seules les pages d'un amour espéré.

Le chemin s'est effacé, chaque chapitre
Disparaît après être dévoré des yeux.
La mort viendra bien à la fin de ce titre,
Mais les pages infinies profitent de ce lieu :
Plus vites écrites que lues dans ce livre tacite.

L'auteure sait que tout temps vient,
Mais celui-ci, si parfait, si divin,
Sera à chaque fois un amour qui revient
Comme une coupe, sans fin, de vin.


jeudi 3 octobre 2019

Accord en tierce mineure

Je te vois aux abords, tranquillement assis.
Quelque tracas, quelque moment hargneux.
Qu'y a-t-il en ces jours pluvieux ?
Je te serai pour toujours ta théophanie.

« Il n'existe plus rien, sous les bas cieux.
N'est-il point du plan divin de tout rejeter,
De voir son oeuvre inutilisée et charcutée ?
Il n'existe pas, même en rêve présomptueux. »

Délaisse tes impulsions et ta colère
En laissant ton corps danser aux chansons
Régies par les cordes du violon
Pour libérer tes émotions prisonnières.

« Des cordes ! Elles ne sont point assez longues,
Même si tendues, ne couvriront jamais
La chair sous ma tête qui n'admet
Qu'à se balancer sous l'arbre qui le surplombe. »

Si tu ne peux le faire pour la musique,
Considère tes plus vieux et éternels désirs
Qui ne peuvent rester seuls, pour guérir,
Comme ta personne qui sera vite hystérique.

« Qu'est-ce pour moi, une certaine trinité ?
Comment laisser régir ses puissantes lois
Si dans mon cœur il ne reste plus rien de moi,
Encore moins de ce qui aurait pu arriver »

Nous sommes tous blessés, très cher,
Même si dans ta solitude sanguine
Tu sens le flot qui aux enfers te confine,
Elle n'est pour la terre, mais pour mon corps, ta chair.


mardi 1 octobre 2019

Transfert

Elle a une sombre âme fragile qui erre
Dans les vieux couloirs abandonnés
Du métro, cent mètres sous terre.

Sous les couteaux et les larmes se cache
        De vieux désirs souillés
        Et ternis par les éternités.
Sous les journaux et les rails s'entache
        Deux désuets souliers
        Incapables d'encore marcher ;
Sous les douleurs un cœur se détache.

Deux trames amènent les trains
Vers des stations creuses et lointaines
Depuis le terminal froid et restreint.

Pour elle, l'heure des derniers départs
        Vers de lointains désirs,
        Vers de chagrins délires.
Pour elle, la peur des derniers égards
        Qui forcent à sévir,
        Qui foncent à détruire.
Pour elle, son propre corps se sépare.

Elle regarde le métro partir, emportant avec
Lui son avenir, pendant que son corps jonche
À l'abandon sous les navettes et les échecs.


mercredi 25 septembre 2019

Vieille mort

Il y a sur les putrides saillies de mon âme
Des crevasses plus profondes que le temps
Qui s'enfoncent vers les profondeurs infâmes
Créées par ces vieux démons incessants
Qui dans leur propre rougeur, eux-mêmes se pâment.

Il n'y a point de repos, point de quiétude
Dans les pays de ma tête, tous en guerre.
Chacun, par la mort, tombe en désuétude
Et se fait gober par les plus violentes mers
Qui, elles aussi, veulent se réfugier en altitude.

Les terres fertiles sont mes déserts,
Les rivières toutes de cendre et de sang.
Il n'y a d'issue dans une psyché de travers,
Ni de rescousse contre le fatal vieillissement
Des cellules meurtries par le tranchant fer.

La douleur fuit des veines, tel un pipeline
Empli d'un lourd passé ineffacé.
Elle est emplie de ses vivantes toxines
Qui peinent à ne pas tout raser
Car le vide, plus que tout, culmine.

Le nihilisme puissant ne réserve qu'un sort
Pour ces affligés éternels de la vie
Une petite dose, pour les pires jours, de réconfort
Qui saura guérir les pires calomnies.
Pardi ! Une invitation par cette vieille mort.



mercredi 4 septembre 2019

Rouge

Elle est une terreur aux yeux de chat,
Une activiste sanguinaire des plus adorables.
Les grandes philosophies qui lui sont imputables
Pardonneront ses crimes dignes du prolétariat.

Grands hivers rouges, madame !
Et la chute des capitales têtes
Qui dans la crise s'entêtent
À garder les fortunes que tu redonnes.

Les spectres hantent la vieille Europe
Et les foyers d'éternel ivoire.
Tu laisseras les immondes corps se choir,
Menacés de devenir philanthropes.

Elles exploseront, les panses financières,
Désireuses de créer les misères
Qui poussent les chats du haut des gouttières.

A socialist protester waves a red flag and a flare during the march

lundi 2 septembre 2019

Crise

Comparses des invisibles armes,
À l'assaut ! De nos anciens pays
Ravagés par tant de manies
À nous avoir exploités jusqu'aux larmes.

Comparses de misère et de désert,
Mort ! Et ravages à l'avant-plan
Pour nos ports réduits à néant
Par la gourmandise des millionnaires.

Marchons, courons encore plus loin
Où l'argent n'a encore mis la main.
Marchons, courons pour nos desseins
En espérant qu'il n'est trop tôt pour demain.

Sortons les cordes de nos ancêtres
Et l'échafaud des révolutionnaires.
L'un de nous sera Robespierre
Pendant que les autres sortent ces êtres.

Comparses, et anciens camarades,
À feu et à sac ! La petitesse
Des grands empires en faiblesse
Qui explosent en myriade.

Comparses, le temps est arrivé,
Aux armes ! Ce sera jour de rébellion
Dans nos écoles et nos maisons
Pour la gloire de continuer à exister.

samedi 4 mai 2019

Extinction

Quand le climat part en claque,
Que les cataclysmes embarquent
Rendant les chaumières aquatiques
Par des cyclones barbituriques.

À l'opposé, la lenteur plate
Du laxisme législatif ploutocrate.
Une petitesse propre à leur image :
Pleine de leurres et de capitalistes pillages.

Quelques centaines de mille
Qui s’ensemencent en ville ;
Quelques cent cataclysmes
Éclatant le statut quo quasi-théisme.

Remplissez les allées, les avenues,
Et allez, sans aucune retenue,
Revendiquer votre environnement,
Car qui gouverne ment.



dimanche 14 avril 2019

Souillure

As-tu déjà été souillé, camarade,
Comme on souille le plus vieux torchon ?
Comme un puéril maître de façade
Jette ses enfants dans les chiffons ?

Bois, camarade, car mon corps est sali
Et trop impur pour les entichements
De coin de table du vendredi,
Ce n'est plus celui d'avant !

Prends bien soin de finir ton verre,
Car le mien a été volé de moi
Lors d'union charognarde et de fer
Où l'on passe la mort au doigt.

As-tu déjà aimé, camarade,
Lorsque l'on s'éprend de passion,
Et que l'on se trempe dans une tornade
Charnelle et emplie de pulsions ?

Me croirais-tu si ce même vent
M'a mutilé jusqu'à m'effacer
En me délaissant dans mon sang
Froid et salement extirpé ?

Indignation ! Me diras-tu,
De ce vol acerbe et marital.
J'eus préféré prendre la rue,
Mais le coup m'était déjà fatal.

Mon camarade, as-tu déjà menti
Et passé pour un vieux pudibond ?
Simplement pour qu'elle eût sorti
Une seule seconde de ton corps, non ?

La mienne est morte par cent fois,
Réjouis-toi, camarade ! De son sort,
Même si elle ne goûta au fer que dans ma foi
Plutôt qu'au grand dehors.

J'aurais préféré périr, mais nous voilà,
Alors si je puis te demander
Si, sous ton propre toit, qu'une seule fois,
Camarade, tu as déjà été souillé ?



mercredi 10 avril 2019

Éclat

Ma tête qui tergiverse peine à oublier
D'intrusives pensées intemporelles
Qui persistent, malgré la force des années,
Comme une longue et infinie marelle
De jets de trop lourds rochers.

De vieilles blessures profondes,
Tel des noyés refont surface
En un effluve immonde
Sur un fleuve au courant tenace
Qui de sa puissance m'inonde.

À mort ! Les amourettes.
À tort ! La raison inerte.

Les incessantes, les tyrantes,
Qui m'ont trop souvent meurtri.
Les accaparantes, les violentes,
Encore nymphomanes de mon âme accroupie,
À vouloir la rendre défaillante.

Qu'elles se jettent du grand pont
Et, d'un éclat impossiblement sublime,
Propulsent l'intégralité de leur constitution
Au plus profond des abîmes
Dans une rouge explosion.


lundi 25 mars 2019

Défriche

Il existe un être discret, au plus profond
De forêts enchantées, abandonnées,
Ni elfe, ni feu follet, pris à s'affairer
Depuis avant même les moissons.

Il est magnifique et éternel,
Surpassant l'arbre et l'Homme,
Il ne connaît les civilisations agronomes,
Ni leurs desseins charnels.

Seulement le voilà affligé
Par l'expansion incessante
Et les productions étouffantes
Des dénaturés qui ont oublié.

La forêt peine à comprendre,
Ni savante, ni cérébrée, elle périt
Sous le joug des grandes industries
Qui s'acharnent à la pourfendre.

La créature n'étant point divine,
Que l'on ait prêché ou non son mysticisme,
Ne saura éviter les cataclysmes
Qui à chaque coup éliminent.

Elle ne connaît pas l'avenir,
Ni la peur, ni la fuite, elle attend,
Ne sachant que le destin étranglant
S'acharnerait sur son nom à bannir.

Le métal clamera sur son corps,
Foutant une honte inconnue
Dans le subconscient discontinu
De l'esclave des sociétés pécores.

Qu'ils fuient tous à la vue de son sang,
Car aucune vie ne résistera
À l'explosion infinie qui consumera,
De chaque âme, chaque seconde restante de son temps.