vendredi 6 novembre 2020

Avalée par la bête

Sur le carrelage froid, mon corps raidi,
Une flaque s'est mise à se répandre.
Une tête gigantesque en est sortie,
Son corps en train de fendre,
Elle regarde par ici.

La bouche ouverte à cent quatre-vingts degrés
Avec la langue pendante effleurant le sol.
À chaque mouvement, la peau déchirée
S'amincit, révélant son sang de pétrole
Et ses yeux de plus en plus écarquillés.

C'est l'apparition de la bête.

Je me suis laissée dévorer entière,
L'âme effritée par ses crocs.
Et dans sa rage meurtrière,
J'ai trouvé la quiétude d'un repos
En me laissant emporter en enfer.

Puis je me suis mise à voir de ses yeux,
Sentir le toucher de ses doigts filiformes.
Je sens au fond de ma gorge un nœud,
La présence d'une étrange forme,
C'est ma propre tête qui tombe au creux.

Nous ne sommes plus deux.

Ses éclats de sang disparaissent,
Ses écailles peu à peu s'effacent.
Elle me laisse,
Me débarrasse
De mes faiblesses.

Lorsque ses yeux tombent au sol,
Les miens viennent les remplacer.
C'est ma naissance et ma mort, je m'isole
Dans sa chaleur qui cesse de m'étouffer,
Nous nous levons de la nécropole.

Il y a des traces de corps sur le carrelage, pourtant je ne vois personne.

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